Écoles d’art : comment réussir
son book ?

Le portfolio de Ninon, qui tente l’ENSAD, comporte quinze projets comme demandé par l’école, dont une série de quatre peintures, une vidéo, une performance ainsi que des travaux menés dans le cadre de l’exposition organisée pour les portes ouvertes de l’école. "Il y a des projets personnels, et des projets menés en prépa. Tout cela enrichit mon book."

Pour chaque projet, Ninon doit expliquer sa démarche, ses choix artistiques… En plus des photos, il faut soigner les textes qui accompagne les visuels, appelés notes d’intention. Avec son professeur, Ninon revoit le paragraphe qui décrit sa performance réalisée en workshop avec un artiste à la scène nationale de Calais. "Certaines phrases méritent d’être simplifiées, clarifiées, conseille le professeur. Corrige ce nom d’artiste, enlève ces mots en trop…"

Lili, qui tente l’Ensaama, a conçu un arbre à crochets, composé de collants recyclés. "Je voulais faire quelque chose qui fasse le lien entre l’espace et le textile", explique l’étudiante. Dans son book, Lili a expliqué son cheminement, le sens de l’œuvre, et a réalisé un cartel avec les dimensions, la période de fabrication, les matériaux utilisés… "Pour le DN MADE, mon dossier doit faire dix pages A4 maximum. Il faut réussir à sélectionner les bons projets, orientés vers les arts appliqués. Je tente aussi une école des beaux-arts. Je ne vais pas mettre la même chose dans le portfolio, je vais présenter des travaux plus artistiques. J’aurai aussi plus de place car je peux mettre une vingtaine de projets."

Malo, qui tente plusieurs écoles des beaux-arts, échange avec une étudiante et une professeure sur son dossier, étalé au sol. "Dans quel ordre mettre les projets ? s’interroge l’étudiant. Il faut donner du rythme, alterner les types de travaux et de mediums, veiller à la place des photos, à leur taille… L’objectif est que le jury soit intéressé, et surpris, à chaque page !" Sa professeure ajoute : "Il est important que le tout ne soit pas trop aseptisé. Il faut que ça soit lisible, mais il faut garder ton identité naissante."

Pour le concours de l’ESAD Orléans, Malo doit, en plus de son portfolio, réaliser en quinze jours une épreuve plastique à distance sur un sujet donné (cette année une vidéo générée par intelligence artificielle), dont une proposition en volume. Après avoir visionné la vidéo, réfléchi au thème et compilé des références graphiques, il échange avec sa professeure de textile pour son projet de structure portable composée de vêtements.

"Je pars sur l’idée d’un assemblage de vêtements, comme si une personne essayait de mettre toutes les tendances sur elle, pour suivre le flux, explique Malo. Je veux utiliser l’IA comme un outil à la création. Discuter avec elle de la composition, à la manière d’un bureau d’études."

"Je trouve ça intéressant de l’utiliser de cette manière", l’encourage la professeure, qui conseille également les autres élèves dans la classe. Une fois leurs volumes finalisés, les étudiants devront les prendre en photo et les présenter à distance à un jury.

Clothilde, professeure de peinture et de gravure, passe en revue les différents projets avec Pia, qui tente l’ENSBA Lyon. Il lui reste une semaine avant la remise du portfolio et de la lettre de motivation. "Ici, ce n’est pas aligné, souligne la professeure. Il faut veiller à la mise en page, ce genre de chose peut jouer dans la sélection. Les photos doivent parfaitement retranscrire l’œuvre visuellement, le type de papier utilisé pour le book doit être choisi avec soin... Chaque détail compte."