Céramiste à la Manufacture de Sèvres, Jérôme donne vie à des pièces en porcelaine en tant que tourneur de creux. Passionné par son métier, il transmet également son savoir-faire à de jeunes apprentis. "Ce qui me plaît, c’est de voir la pièce sortir de la masse de pâte et prendre forme sous mes mains."
Pièces en porcelaine
Au sein de la Cité de la céramique, Jérôme exerce comme tourneur de creux. "L'étape du tournage arrive au début de la chaîne, après la fabrication de la pâte. Je façonne les pièces à partir de colombins de pâte molle. Ensuite, il y a la cuisson, l'émaillage et la décoration. 26 ateliers participent à la réalisation d'une pièce, chacun d'eux intervenant selon sa spécialité !" Dans cette institution publique chargée de la transmission des savoir-faire et de la diffusion des connaissances sur cet art, une centaine de céramistes donnent vie à des pièces en porcelaine, destinées aux grands corps de l'État, dont l'Élysée, à des artistes et à des collectionneurs.
La main et l'outil
Jérôme intervient sur un tour, qui tourne en même temps qu'il façonne la pâte. Ses outils ? Un coupe-pâte, une lame d'ébauche (en laiton, pour éviter que la rouille vienne colorer la pâte), des estèques (en ardoise ou en métal, pour ébaucher les profils intérieurs et extérieurs de l'objet) et des éponges naturelles plates pour manipuler la pièce. "Il faut absolument éviter d'imprimer ses mains dans la pâte et ne pas exercer de pression, car la porcelaine possède une mémoire, et cela ressort à la cuisson."
Prendre le temps
Jérôme œuvre sur un temps long. "Il faut compter un mois et demi pour une commande, une soixantaine de tasses, par exemple, ou une pièce unique pour un ou une artiste. Je dois en outre prendre en compte le temps de séchage, qui dépend de la taille de l'objet, de la saison, de l'hygrométrie…" Une fois l'article fini, il signe chaque pièce, avec ses initiales, la nature de la pâte utilisée et le mois et l'année de fabrication.
Jérôme a découvert la Manufacture de Sèvres lors d'un stage en BMA céramique. "J'ai aimé le fait de travailler pour la préservation du patrimoine. J'ai voulu faire partie de cette histoire", explique-t-il. Il passe le concours de la fonction publique de technicien d'art métiers de la céramique.
"J'ai passé 10 ans dans l'atelier polissage, puis j'ai rejoint le tournage il y a 12 ans. Depuis 6 mois, je forme une apprentie. J'ai envie de transmettre mon savoir-faire. Ça engage une certaine responsabilité, je forme un ou une jeune qui ensuite prendra la relève."