Maître verrière dans l’un des huit ateliers retenus pour nettoyer les vitraux de la cathédrale, Flavie Vincent-Petit témoigne. "Pour Notre-Dame, tous les restaurateurs d’art œuvrent ensemble au service d’un patrimoine unique. Cette dimension collective est exaltante !"
Un chantier à part
Poser les bases
Salis, mais, par chance, pas détruits ! Pratiquement intacts après l’incendie de la cathédrale, les vitraux de Notre-Dame (majoritairement de hauts panneaux) n’ont pas directement souffert des flammes, mais ont eu besoin d’un important travail de conservation-restauration, notamment pour réparer les dommages antérieurs à la catastrophe. La manufacture de Flavie Vincent-Petit, maître verrière, a fait partie des huit ateliers retenus, après un appel d’offres, pour participer à cette mission. "Certains vitraux sont cassés, des plombs doivent être resoudés sur d’autres, mais on a échappé au pire." Après avoir réalisé les constats d’état panneau par panneau, il a fallu discuter des choix de restauration avec les architectes et les conservateurs.
Un nettoyage méticuleux
Sur ce projet, Flavie et chacune des équipes des huit ateliers se sont surtout consacrées à un méthodique travail de nettoyage. "Pour retirer la suie, on utilise des bâtonnets en coton roulé sur plusieurs centaines de mètres carrés." Dans chaque atelier de restauration, le même objectif : parvenir à un niveau homogène de nettoyage afin que le résultat soit cohérent sur l’ensemble des vitraux concernés.
Une œuvre collective
Parmi les spécificités du chantier de Notre-Dame : une collaboration active entre les divers restaurateurs. "Pour Notre-Dame, nous avons dû œuvrer collectivement, aller tous dans le même sens, pour une même cause", souligne Flavie. Un tel projet a nécessité une coordination permanente entre chaque intervenant. "En ce qui me concerne, en tant que professionnelle, c’est cette dimension collective que je trouve exaltante !"
"Originaire d’une famille d’agriculteurs de l’Aube, diplômée du master verre, design et architecture, je suis conservatrice-restauratrice de vitraux et présidente de la manufacture Vincent-Petit, créée en 2012 avec mon mari.
Si j’ai choisi le vitrail, c’est pour pouvoir croiser les disciplines : histoire, art, pratique artistique, création, sciences (chimie, physique, biologie) et spiritualité. Et aussi pour aborder un métier artisanal d’un point de vue scientifique et comprendre le matériau.
Aujourd’hui, je suis convaincue que le vitrail doit être renouvelé grâce à un travail d’exploration : on doit être capable de croiser des vieux savoir-faire, souvent oubliés, avec les technologies du futur. En 2010, j’ai décidé de suivre un master d’architecture à l’école d’architecture de Nancy pour tenter de redéfinir le vitrail en lui donnant de nouvelles qualités : isolation, sécurité, esthétisme, etc. Ce cursus atypique me permet d’allier art, sciences et histoire, et de combiner, au quotidien, innovation et techniques anciennes."