De nombreux métiers sont accessibles par la voie de l’apprentissage, à des niveaux de qualification allant du CAP au diplôme d’ingénieur. Un excellent passeport pour l’emploi.
Une voie très qualifiante
Vous souhaitez apprendre autrement, alterner périodes scolaires et pratique en entreprise, et percevoir un salaire ? Pensez à l’apprentissage, une voie très qualifiante, qui peut mener à l’emploi dans de nombreuses filières et qui s’adresse aux 15-30 ans.
Pour se faire une idée juste de l’apprentissage, il faut commencer par tordre le cou à quelques idées reçues. Non, ce dispositif n’est pas réservé aux métiers manuels : plus de la moitié des apprentis sont embauchés dans les services, notamment dans la banque ou l’informatique, un cinquième dans l’industrie, 1 sur 6 dans le bâtiment, et le reste (autour de 3 %) dans l’agriculture. Non, l’apprentissage n’est pas limité aux plus jeunes et aux premiers niveaux de qualification : environ les deux tiers des nouveaux apprentis ont 18 ans ou plus et sont bacheliers ou diplômés de l’enseignement supérieur.
Concrètement, pour suivre une formation en apprentissage, il faut trouver un établissement scolaire et une entreprise, l’école pouvant vous aider à dénicher un employeur. Mais mieux vaut vous y prendre à l’avance, car trouver une entreprise n’est pas toujours facile. Privés ou publics, de très nombreux établissements proposent des formations en apprentissage : lycées professionnels, universités, grandes écoles, associations, chambres de métiers, CCI (chambres de commerce et d’industrie), fonction publique et même maintenant des entreprises.
Les CFA (centres de formation d’apprentis) préparent aussi bien à des CAP (certificats d’aptitude professionnelle), BP (brevets professionnels) ou bacs professionnels qu’à des licences professionnelles ou des diplômes d’ingénieur. Face à une offre abondante, il faut être clair sur ses souhaits d’orientation et bien se renseigner sur les débouchés professionnels.
Un premier salaire
Les conditions de travail et de rémunération sont très encadrées et dépendent principalement de votre âge. Un contrat d’apprentissage peut durer entre 6 mois et 3 ans, le plus souvent 2 ans, pour une durée hebdomadaire de 35 heures (et jusqu’à 40 heures avec une compensation salariale dans certains secteurs comme le bâtiment, les travaux publics et l’aménagement paysager), avec une répartition des heures entre l’école et l’entreprise qui varie selon les métiers.
Quand vous avez moins de 18 ans, vous percevez 27 % du Smic la 1re année et 39 % la 2e. Entre 18 et 20 ans, c’est 43 % du Smic la 1re année et 51 % la 2e, proportions qui atteignent respectivement 53 % et 61 % entre 21 et 25 ans. Après 26 ans, c’est 100 % du Smic obligatoirement. Et des secteurs qui connaissent des difficultés de recrutement, comme le bâtiment, proposent systématiquement des rémunérations supérieures à celles prévues par la loi.
Stop ou encore ?
C’est d’autant plus intéressant que l’apprentissage est une voie privilégiée d’accès à l’emploi. Comme le montre l’enquête du Céreq auprès des jeunes sortis des filières professionnelles du secondaire en 2010, les apprentis accèdent plus facilement à l’emploi. Un avantage qui perdure lorsque les jeunes sont interrogés 7 ans après, en 2017. Le taux de chômage des anciens apprentis est alors de 11 %, contre 18 % pour les jeunes issus de la filière scolaire.
5 % des jeunes d’une génération réalisent leur formation en apprentissage. Bien qu’elle se soit fortement développée dans l’enseignement supérieur, cette voie reste très prisée aux niveaux CAP et bac pro. Ce qui est une bonne nouvelle, car c’est à ces niveaux de qualification que les jeunes en ont le plus besoin pour favoriser leur insertion ! La durée de la présence en entreprise permet en effet aux apprentis de se faire connaître des employeurs, qui proposent de les embaucher, parfois même avant la fin de leur formation.
Quel que soit votre niveau d’études, vous pouvez, pour guider votre choix, vous renseigner auprès du CFA sur l’accompagnement proposé par l’établissement et sur les taux d’accès à l’emploi des diplômés. Vous avez aussi intérêt à pouvoir vous appuyer sur un maître d’apprentissage ou un tuteur formé et disponible dans l’entreprise. De quoi réduire les risques de rupture du contrat, qui concernent un peu plus d’un quart des apprentis.
Enfin, sachez qu’il existe aujourd’hui de nombreuses passerelles pour ceux qui ont choisi l’alternance et qui veulent poursuivre leurs études : une fois votre CAP en poche, vous pouvez dire "stop" et travailler, ou "encore" et préparer un bac pro, un BTS, voire une licence pro… Et tout cela en alternance.
Avis d'experte : "La motivation est essentielle"
Marie-Hélène Toutin, chercheuse associée au Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) à l’Université Lille 1
La voie de l’apprentissage est-elle réservée aux travailleurs manuels ?
Pas du tout ! Les formations qu’on peut préparer par ce biais vont du CAP au diplôme d’ingénieur. Aujourd’hui, 40 % des apprentis préparent un diplôme de niveau supérieur ou égal à bac + 2. Par ailleurs, plus de la moitié de ces jeunes ont choisi des formations du tertiaire.
Permet-elle une bonne insertion ?
Elle permet souvent une meilleure insertion que la voie scolaire : on le voit quand on compare des spécialités proposant à la fois une formation via l’apprentissage et une formation classique. Pour les sortants de CAP et de bac professionnel, l’apprentissage facilite l’accès à l’emploi. C’est moins flagrant dans l’enseignement supérieur, mais la rémunération des anciens apprentis y apparaît plus élevée. Ceux qui ont été embauchés par l’entreprise où ils ont effectué leur contrat ont en effet bénéficié de ce premier contact qui a facilité leur intégration.
Mais il faut également signaler un biais. L’apprentissage est aussi une formation sélective : il faut trouver une entreprise qui vous prend en alternance. N’importe qui n’y a pas accès, notamment parce qu’il faut un réseau, des connaissances. Les jeunes issus des zones prioritaires sont d’ailleurs malheureusement encore minoritaires dans cette voie, surtout aux niveaux CAP et bac pro. Enfin, signalons que lorsque la conjoncture est bonne, un nombre plus important de contrats d’apprentissage sont signés, et ils mènent davantage à des embauches.
Quid des abandons ?
Près d’un tiers des contrats d’apprentissage sont rompus en cours de route, des abandons qui concernent surtout les PME, le secteur de l’hôtellerie-restauration et les apprentis les plus jeunes dont le projet professionnel est moins affirmé. À l’inverse, il arrive que des jeunes passent à la fois un CAP et un bac pro. Ou bien un bac pro et un BTS. Ou encore deux CAP et des mentions complémentaires. Mais les parcours ne vont jamais du CAP à l’école d’ingénieurs, même si c’est théoriquement possible.