1Soyez vigilants sur la date de publication de la retranscription du tchat qui correspond au jour du témoignage des invités. Certaines formations ou diplômes peuvent avoir évolué au gré des réformes. N'hésitez pas à utiliser notre moteur de recherche pour connaître les formations qui mènent à ce métier et les modes d’admission actuels. |
titreLe Modérateur : Bonjour et bienvenue sur ce nouveau tchat de l’Onisep ! Aujourd’hui, le sujet est le numérique dans les chantiers et la démarche BIM, qui veut dire Building Information Modeling ou modélisation des données d’une construction. Pour en parler, nous accueillons Jocelin Birling, responsable configuration et usage BIM à la Société du Grand Paris et Mandy Duvent, coordinatrice BIM pour VINCI Construction. | |
Jocelin Birling : Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce tchat. Nous attendons vos questions !
Mandy Duvent : Bonjour à toutes et à tous !
titreLe Modérateur : Peut-être, pour commencer, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est le BIM ? | |
Mandy Duvent : Quand on parle de BIM, on parle surtout d’un processus qui est mis en place sur un projet. Ce processus est normé, défini par le client selon ses besoins, selon aussi ce qui est prévu, une fois le projet réalisé, pour l’exploitation. Dans ce processus, plusieurs cas d’usage sont mis en place, qui servent à différents niveaux aux différents interlocuteurs : sur le chantier, pour les entreprises, pour la maîtrise d’œuvre (architecte ou contrôleur selon les cas) et pour le maître d’ouvrage (le client). Le BIM n’est pas un logiciel. C’est l’abréviation de Building Information Modeling, soit modélisation des données d’une construction, en français.
BIDIBULLE : Bonjour, vous pourriez nous décrire un peu plus votre métier chacun ?
Mandy Duvent : Mon métier est BIM coordinatrice chantier. J’effectue le suivi des bureaux d’études sur l’application du cahier des charges du client et je mets en place des cas d’usages sur le chantier.
Jocelin Birling : Mon métier consiste à m’assurer que les acteurs produisent des maquettes conformes à nos besoins. Cela nécessite de faire des réunions, suivre les productions et valider les solutions mises en œuvre.
Merger : Quelles études et quels diplômes avez-vous obtenus pour occuper les postes où vous êtes actuellement ?
Mandy Duvent : Mes études n’ont pas forcément de lien avec mon métier d’aujourd’hui. J’ai une licence en infographie 3D et plus de 10 ans d’expérience dans le BTP et plus de 5 ans de pratique sur des missions BIM.
Jocelin Birling : Après un bac S, j’ai réalisé un diplôme d’ingénieur en Génie civil que j’ai complété avec un mastère spécialisé BIM. J’avais eu l’opportunité d’avoir plusieurs expériences scolaires en BIM, notamment un projet de fin d’études. C’est à la suite de ces expériences que j’ai réalisé ce mastère spécialisé BIM en alternance pour rejoindre finalement mon poste actuel.
Zerty : Votre diplôme est-il compliqué à obtenir ?
Jocelin Birling : Oui, comme tous les diplômes, il nécessite de fournir un effort soutenu (5 ans d'école d'ingénieur + 1 année en alternance) sur des matières diverses et variées. La dernière année (en alternance) est vraiment pertinente pour s'insérer convenablement dans le monde du travail.
Max02 : Comment vient-on à faire votre métier ? Les compétences ? Les débouchés ?
Mandy Duvent : Quand on travaille sur un chantier, on se rend compte que beaucoup de choses peuvent se résoudre avec un schéma. Quand on passe en 3 dimensions, c'est on ne peut plus clair. C'est une première étape. Après, forcément, il y a la passion du métier en lui-même. Quand on rentre dans le BTP, on est là pour apprendre les métiers de toutes les parties prenantes du chantier, a fortiori en lien avec BIM. Les compétences : c'est important d'être minutieux et à l'écoute. Un processus BIM oblige à développer une communication hyper fluide sur le projet, et cela n’est pas inné ; il faut donc que les personnes qui travaillent dans le service BIM et celles qui souhaitent mettre en place ce processus soient très à l'écoute les unes des autres. On doit prendre en compte les attentes et expériences passées de chacun, afin de corriger éventuellement ce qui se serait mal passé sur des chantiers précédents.
Jocelin Birling : Je dirais de la rigueur et un sens accru de la communication, car le BIM, ça reste de la collaboration avant tout.
marie : Pourquoi ce métier ? Qu'est-ce qui vous a poussé à le faire ? Quelles ont été vos motivations ?
Jocelin Birling : Le souhait de faire un métier innovant et de progresser et avancer dans le métier. C'est un métier encore assez jeune, qui se développe continuellement, ce qui le rend très intéressant et propice à la prise d'initiative et à l'innovation.
Mandy Duvent : C'est un métier qui laisse des traces, dans le sens positif : on a fait quelque chose, on peut repasser devant, en parler à son entourage. C'est gratifiant. À côté, la mise en place d'un projet en BIM, c'est essayer d'apporter un maximum de solutions et de bonnes idées et bonnes pratiques sur notre chantier.
qsa44570 : Bonjour, j'aimerais savoir si l'usage du numérique se pratique tant chez les grands industriels que chez les plus petits artisans. J'imagine que non, mais est-ce que ce sera le cas plus tard ? Dans combien d'années selon vous ? Et comme cela a un coût, est-ce que cela ne va pas creuser un écart entre grosses boîtes et petites entreprises du BTP ?
Jocelin Birling : Aujourd’hui les grands acteurs montent plus rapidement que les autres. Le but est que l’ensemble des acteurs collaborent, y compris les plus petits. Je pense que d’ici à quelques années, tous les acteurs participeront. Non, je ne pense pas que la démarche BIM va creuser un écart entre petits et gros acteurs, car ces deux types d’entreprises ne sont pas en concurrence et la stratégie BIM des projets doit s’adapter aux entreprises.
Utilisateur8_2 : Où peut-on exercer ce métier ? Uniquement sur le Grand Paris ?
Mandy Duvent : On peut exercer le métier dans les différents domaines de la construction : bâtiment, génie civil, travaux hydrauliques. C'est très varié ! Ou encore dans tout ce qui est rénovation, ou même sur des chantiers de « luxe » (grands hôtels, etc.). BIM n’est pas réservé au Grand Paris. Le processus BIM a commencé il y a déjà 10 ans, et dans le cas du Grand Paris, cela a permis de définir le cahier des charges plus en amont, et non après le début du chantier, comme ça se voyait parfois... Cela permet de mieux cadrer, avec plus de rigueur.
Utilisateur21 : Pour moi, chantier et numérique ça ne m'évoque pas grand-chose...Pourriez-vous nous en dire plus ? Qu'est-ce que le numérique apporte en matière d'innovation sur les chantiers aujourd'hui ? En quoi le BIM est innovant ? Avez-vous des exemples liés à votre expérience ?
Jocelin Birling : Historiquement, on construit uniquement à partir de plans. Il est donc nécessaire de faire preuve d'abstraction afin de les comprendre et de les analyser. La modélisation en 3 dimensions n'est pas encore très courante. Cette modélisation numérique permet de gérer le chantier avec de la data (la donnée). Cela va permettre une meilleure lisibilité des projets. En 3D, les problèmes se voient comme le nez au milieu de la figure ! C'est principalement vrai pour les interfaces entre corps de métier, par exemple les réseaux (électricité, ventilation, plomberie) et le génie civil. La 3D et la gestion de la donnée permettent d'imaginer des usages de plus en plus complexes et innovants.
Mandy Duvent : Prenons un exemple qui concerne la mise en œuvre des différents corps d'état. Pour la pose d'une climatisation, par exemple : en 2D, quand on fait la synthèse, on regarde déjà cet aspect-là. Mais chaque corps d’état a tendance à prêcher pour sa paroisse, car il souhaite construire au coût prévu dans l'offre. Il peut être tenté de prendre des décisions individualistes. En 3D, cette situation est moins possible, car la personne qui fait la synthèse n'est pas la seule à remarquer les problématiques éventuelles. Cela permet de lui faire comprendre la problématique et de revoir sa position. La 3D permet d'être plus précis dans les demandes, et d'éviter les différences de représentation dans l'espace. Cela évite de multiplier inutilement les réunions et fait gagner du temps. Le processus BIM reprend des éléments déjà présents en 2D, mais il ajoute cette 3e dimension et permet un meilleur cadrage en réduisant les marges d'interprétation.
Mat : Quels sont les avantages réels de cette méthodologie pour le secteur de la construction et plus précisément pour le Grand Paris ?
Jocelin Birling : Les chantiers du Grand Paris sont complexes techniquement. L’outil nous permet d’améliorer la conception. En 3D, les problèmes sont plus visibles et donc identifiés plus rapidement. La compréhension du projet est plus claire et donc le travail est de meilleure qualité. Il est également plus rapide d’arriver à une solution pertinente. Cette conception en 3D va permettre également de fiabiliser le coût du projet et la qualité de sa conception. On peut plus facilement vérifier le besoin avec une maquette qu'avec des plans.
Bonotte : Bonjour à vous 2, quelle est votre activité la plus fréquente au quotidien ?
Mandy Duvent : Les audits de maquettes : vérifier, d'après une liste de points de contrôle, la conformité de la maquette d'un intervenant (dans mon cas, le plus souvent un bureau d'études).
Jocelin Birling : Dans mon cas, c'est de faire des réunions avec l'ensemble des parties prenantes, afin d'échanger sur le besoin et sur les méthodes de réalisation.
Utilisateur25 : Avec qui êtes-vous amené à travailler (je parle des professionnels) et dans quel contexte ?
Jocelin Birling : Je travaille principalement avec des collaborateurs de la SGP (Société du Grand Paris), mais également avec les maîtrises d'œuvre, afin de piloter le processus BIM.
Mandy Duvent : Je suis amenée à travailler avec toute la direction technique du chantier. Il y a des coordinateurs études/travaux, des géotechniciens, des topographes... Je travaille aussi avec les responsables de la qualité, avec les responsables de la direction financière et, enfin, avec la direction d'exploitation (ingénieurs travaux responsables de chaque ouvrage). Je collabore aussi, bien sûr, avec les bureaux d'études qui réalisent les plans d'exécution pour le projet à partir des maquettes.
Segor : Bonjour à vous ! Sachant que le BIM n’est pas encore bien développé, croyez-vous que ce logiciel pourra être à la portée de tous (PME, ETI, GE ) ? Si oui, faudra-t-il des spécialistes en BIM ou une simple formation pour les sociétés dans le bâtiment suffira ?
Mandy Duvent : Je pense que c’était vrai il y a encore 5 ans, mais depuis les choses se sont mises en place, même pour les PME. Particulièrement dans le bâtiment. Concernant la question sur les spécialistes vs les simples formations, les deux sont possibles. Il faut former les plus expérimentés et les faire accompagner sur les premières missions BIM, et en fonction de la taille de l’entreprise, un spécialiste BIM est un plus.
Jocelin Birling : Oui, BIM est à la portée de tous. Rappelons que ce n’est pas une solution logicielle, mais un processus qui utilise des logiciels. Bien que la modélisation soit au centre du processus, celle-ci doit être adaptée à chacun des acteurs pour que tout le monde puisse participer. Excel reste le 1er logiciel du BIM. Il est nécessaire d’avoir un référent identifié pour chaque projet et à chaque niveau. Les compétences peuvent varier en fonction de l’implication dans le processus. Une simple formation pourra donc suffire pour les PME.
Bonotte : Quelles sont vos difficultés rencontrées le plus souvent ?
Utilisateur8_2 : Quels sont les avantages et les inconvénients de ce métier ?
Jocelin Birling : L'avantage, c'est qu'on travaille sur des processus innovants. L'inconvénient, c'est que ce processus n'est pas développé chez tous les acteurs, et qu'il reste à l'implémenter concrètement, le développer et former tous les acteurs à son utilisation.
Mandy Duvent : L'avantage, c'est qu'on ne fait jamais la même chose, et les journées sont très variées. Cet avantage peut aussi être un inconvénient, à savoir qu'il faut savoir bien jongler entre les sujets et les interlocuteurs qui vont avec, car dans une même journée, on va être amené à gérer différents sujets. Il faut donc maîtriser ses outils pour ne pas se perdre.
Dorothée : Y a-t-il des difficultés à trouver du travail dans votre secteur ?
Mandy Duvent : A priori, il y a de la demande dans le secteur. En revanche, de mon point de vue, le problème se situe dans les débouchés juste après l'école. On ne va pas se retrouver directement BIM manager ou BIM coordinateur après l'école. On est donc obligé de faire d'autres missions. C'est sur ce plan que l'entreprise risque d'avoir des problèmes à manœuvrer cette insertion. Il faut placer la personne sur un chantier avec une équipe BIM constituée, et en même temps qu'elle fasse le travail d'une autre personne sans exercer le rôle d'encadrement qui devrait normalement être le sien.
Jocelin Birling : Je suis d'accord, il y a effectivement de la demande.
Sylvain Marie : Outre la 3D, est-ce que la MOA vous a transmis un cahier des charges pour leur besoin en data, ou avez-vous été force de proposition en termes de cas d'usages ?
Jocelin Birling : Nous avons transmis, dans notre appel d'offres, un cahier des charges BIM.
yoyo : Est-ce que vous utilisez des outils de réalité augmentée ?
Mandy Duvent : Pas encore sur mon chantier actuel, mais c’est prévu. Dans le groupe on utilise Endscape depuis Revit, et on crée directement des API (Application programming interface) depuis Unity.
Jocelin Birling : Non, mais des solutions peuvent être utilisées. Ces utilisations restent très marginales, car les contraintes sont nombreuses.
Sofiane77 : Pour demander une alternance dans une entreprise du BIM. Je mets quoi en avant sur mon CV ?
Jocelin Birling : Des aptitudes à modéliser, surtout, et un certain entrain à utiliser des outils informatiques.
Mandy Duvent : La pluridisciplinarité des outils informatiques maîtrisés.
arthur : Bonjour, à combien avance le tunnelier ?
Mandy Duvent : 1 à 3 m par jour.
titreLe tchat se termine. Mandy et Jocelin vont conclure... | |
Mandy Duvent : Merci à toutes et à tous. Je vous invite vivement à venir découvrir nos métiers lors des visites organisées sur le chantier du Grand Paris, généralement en lien avec des écoles, mais aussi à destination du grand public.
Jocelin Birling : Merci à toutes et à tous. Ça vaut le coup de s'intéresser aux métiers de la construction pour la diversité des métiers que l'on peut réaliser et, surtout, pour les acteurs de ces métiers, qui sont passionnés par leur travail !
titreLe Modérateur : Merci à toutes à et tous de votre participation. Merci à Mandy et Jocelin de leurs réponses. Vous pouvez relire la retranscription du précédent tchat organisé avec la Société du Grand Paris qui portait sur la place des femmes sur les chantiers. Merci et bonne fin de journée ! | |