1Soyez vigilants sur la date de publication de la retranscription du tchat qui correspond au jour du témoignage de l'invité(e). Certaines formations ou diplômes peuvent avoir évolué au gré des réformes. N'hésitez pas à utiliser notre moteur de recherche pour connaître les formations qui mènent à ce métier et les modes d’admission actuels. |
Le Modérateur : Bonjour à toutes et à tous. Vous souhaitez découvrir le métier de maraîcher, savoir comment on gère une exploitation, quelles études il faut mener pour y arriver ?
Posez vos questions à Aurélia, qui gère avec son mari une exploitation maraîchère bio et à Rémy, formateur dans un centre de formation professionnelle et de promotion agricole de Seine-et-Marne.
Bon tchat !
Aurélia Opoix : Bonjour à tous et à toutes, nous sommes à votre disposition pour répondre à toutes vos questions !
Rémy Didelot : Bonjour à toutes et à tous !
Marc : Bonjour Aurélia. Comment avez-vous fait le choix du bio il y a 8 ans ? Par conviction personnelle ou aviez-vous déjà imaginé que le bio allait prendre un essor comme aujourd'hui ?
Aurélia Opoix : Nous avons fait le choix du bio par conviction. Nous ne souhaitions pas utiliser des produits chimiques de synthèse, pour notre santé et par respect de notre environnement. Cet essor du bio aujourd’hui nous fait penser que de plus en plus de personnes sont d’accord avec ça.
jeanmarc : Quelles sont les principales différences entre agriculture bio et agriculture traditionnelle ?
Rémy Didelot : En agriculture biologique, on répond à un cahier des charges. Notamment, il est interdit d'utiliser des produits de synthèse (dont des engrais et produits phytosanitaires) ou des OGM.
Fanny : Combien d’heures par semaine de travail faites-vous ?
Aurélia Opoix : Entre 40 et 70 heures selon les saisons.
bioman : Vos journées sont-elles très différentes d'un jour sur l'autre, et j'imagine évidemment selon les saisons ?
Aurélia Opoix : Oui, elles sont différentes d'un jour à l'autre, du fait de la diversité de notre production (une quarantaine de variétés de légumes).
Selon les jours, on fera des choses différentes : par exemple, désherbage, plantation, semis, prendre soin des légumes, commercialisation, conception... C'est assez diversifié !
azer : C'est quoi un maraîcher ?
Aurélia Opoix : C'est une personne qui fait pousser des légumes, bio ou non, et éventuellement des fruits.
Rémy Didelot : Par rapport à un légumier, un maraîcher fait beaucoup de variétés différentes. Sa production est plutôt destinée à un circuit court (un seul intermédiaire autorisé entre le producteur et le consommateur.)
Aurélia Opoix : Cela dépend aussi de la surface du maraîcher : plus elle est grande, plus il peut développer sa production vers l'extérieur.
Grizzo : Bonjour Aurélia, quelles sont les particularités de votre ferme ?
Aurélia Opoix : Nous sommes une petite exploitation (4 hectares de maraîchage) et nous ne travaillons qu’en circuit court (pas d’intermédiaire), avec les AMAP (Association pour le maintien d’une culture paysanne). Nous signons un contrat avec l’Amapien et celui-ci s’engage financièrement sur un an et vient chercher son panier de légumes toutes les semaines. Nous faisons aussi un peu de vente à la ferme. Et cette année nous développons l’arboriculture avec 300 pommiers et 50 poiriers plantés ainsi qu’une ferme pédagogique et un atelier de 120 poules pondeuses afin de nous diversifier.
Mike : Par quoi il faut commencer pour être maraîcher ?
Rémy Didelot : Faire des stages, aller voir ce qui se passe chez les professionnels, de préférence plusieurs, échanger avec eux, pour comprendre le métier. Aucun livre ne remplacera cela.
pochel : Par où commencer pour travailler dans le secteur bio ?
Aurélia Opoix : Pour faire de la production bio, il faut passer par une école agricole.
Rémy Didelot : Il existe plusieurs formations, pour adultes ou jeunes (à partir de la seconde). Pour devenir agriculteur, maintenant, il faut avoir un diplôme agricole de niveau bac.
aggf : Vous êtes combien à travailler dans votre exploitation ?
Aurélia Opoix : Mon mari, moi, un salarié sur 35 heures, un jeune en alternance bac pro et un saisonnier pendant 5 à 6 mois dans l’année.
Ouzo 2S : Est-ce qu’il faut forcément venir d’une famille d’agriculteurs pour devenir agriculteur ?
Aurélia Opoix : Non, il ne faut pas forcément venir d'une famille d'agriculteurs, mais dans le cas contraire, il n'est pas toujours évident de trouver des terres. Il faut pour cela se rapprocher d'une association de Terre de Liens, qui fait une veille sur les terres, la SAFER et l'AEV (Agence espaces verts) dans la région Île-de-France.
Dam's : Pourquoi vendre en circuit court et en circuit long ?
Aurélia Opoix : Nous ne vendons qu’en circuit court. Nous avons commencé directement en circuit court avec les AMAP. En AMAP, les paniers de légumes sont payés avant que les Amapiens commencent à venir chercher leurs légumes et nous calculons le prix des paniers en fonction du chiffre d’affaires prévu et des besoins de l’entreprise (charges, salaires que nous souhaitons). Grâce à cela, nous pouvons dire que nous vivons de notre métier avec un prix juste pour nous et avoir ainsi une reconnaissance de notre travail.
Mag_11 : Bonjour, une question pour Rémy : Est-ce qu'il existe ou est-ce qu'il faut un diplôme pour devenir maraîcher ?
Gadjo1998 : Est-ce qu’une formation est nécessaire pour faire ce métier ? Est-ce qu’on n’apprend pas au contraire sur le tas ?
Rémy Didelot : Une formation est nécessaire si l'on veut s'installer, car pour être exploitant agricole, il faut un diplôme agricole de niveau 4. Aujourd'hui, on ne peut plus le faire sans, à moins d'avoir travaillé 3 ans dans une exploitation agricole. L'acquisition de connaissances, d'un réseau professionnel, est également très importante.
Grizzo : Comment avez-vous préparé cette étape et la conversion en bio ?
Aurélia Opoix : Mon beau-père qui était en grande culture céréalière non bio souhaitait prendre sa retraite en 2010. Mon mari Christophe a fait une formation adulte, un BPREA à Brie-Comte-Robert afin de se former au métier de maraîcher biologique et nous permettre d’avoir des aides en tant que jeunes agriculteurs. Puis nous avons pris 4 hectares de l’exploitation existante et nous avons créé notre propre exploitation en y installant des serres et l’irrigation nécessaire.
Gigi12 : Pourquoi est-ce que le bio est plus cher alors que vous faites du circuit court ?
Aurélia Opoix : Le prix de nos produits est lié aux besoins financiers de notre exploitation. Nous avons un coût de production, des charges... Une fois cela calculé, cela donne le prix de vente de notre production. En dessous de ce prix, nous vendons à perte.
Rémy Didelot : Être en circuit court implique une diversité de production, ce qui induit une faible mécanisation, donc plus de main d'œuvre, ce qui est une charge importante.
Aurélia Opoix : Le bio en vente directe chez le producteur n'est pas forcément plus cher. Nous sommes parfois moins chers qu'en magasin bio, car nous avons moins d'intermédiaires.
Math : Est-ce qu'on peut bien vivre de votre métier de maraîcher ?
Aurélia Opoix : Nous arrivons à en vivre grâce au fait que nous sommes en circuit court et que nous décidons du prix de nos légumes à un prix juste pour nous et pour le consommateur. Pour vous donner une idée nous sommes sur environ deux smic pour nous deux par mois. Notre projet de diversification est là pour essayer d’augmenter notre chiffre d’affaires et de ce fait notre salaire.
latoucheF7duclavier : Aujourd’hui il faut forcément se mettre au bio pour vendre ?
Xav : Est-ce qu'il y a beaucoup de monde qui consomme du bio ? Et à l'avenir ?
Aurélia Opoix : Concernant la première question, non, mais c'est porteur, et valorisant pour le produit. De plus en plus de personnes vont vers les produits bio, ce qui nous ouvre de nouvelles perspectives pour la vente de nos produits.
De plus en plus de gens se sentent concernés par les problématiques écologiques et de santé, d'où l'intérêt pour l'agriculture bio par opposition à l'agriculture traditionnelle.
Math : Est-ce que votre métier est dur l'hiver ?
Aurélia Opoix : Cela n’est pas toujours facile lorsqu’il y a des températures extrêmes. Quand il fait froid, le plus dur c’est si l’on ne bouge pas beaucoup, les extrémités du corps se refroidissent. Il nous faut bien nous couvrir. Mais lorsqu’il y a du soleil c’est très agréable. Et lorsqu’il fait très chaud (30° et plus), cela n’est pas toujours facile de travailler sous les serres où il peut faire dans les 50°. Et là il faut boire beaucoup et se protéger avec des chapeaux.
Marthe : A quel moment se trouve votre pic d'activité ? Dans une journée et dans une année ?
Aurélia Opoix : Dans l’année : entre avril et octobre. En ce qui concerne les journées, c’est variable. Dans notre exploitation nous avons plus de travail les jours de préparation des paniers car en plus de notre travail quotidien, nous devons récolter les légumes pour les paniers du soir.
Magic Mike : Il vaut mieux avoir un associé pour s’installer ? Ou bien le faire en famille ?
Aurélia Opoix : Cela dépend des envies des personnes. L'important, c'est de ne pas travailler seul. S'associer dans un projet commun, c'est ce qui est bien. Le métier est dur, alors être à plusieurs, ça permet d'avancer et se porter les uns les autres en cas de « coup de mou ».
On peut aussi s'emprunter du matériel agricole, entre maraîchers ou céréaliers et éleveurs par exemple, exploiter ses complémentarités.
Gregoire-44 : Est-ce que vous arrivez à avoir une vie de famille correcte ? Des vacances ?
Aurélia Opoix : En ce qui concerne notre vie de famille, nous avons trouvé un équilibre. Si besoin nous pouvons nous absenter pour amener nos enfants à un rendez-vous, une activité, … de même pour nous. Nous n’avons plus de transports en commun, notre lieu de travail est à côté de chez nous.
En ce qui concerne les vacances, les premières années nous prenions 15 jours. Maintenant nous arrivons à prendre entre 3 à 4 semaines par an. Pour nos enfants, malgré beaucoup d’heures de travail, nous sommes beaucoup plus présents.
Ouzo 2S : Si j’ai envie de me lancer, est-ce que c’est possible de tester mon projet avant ? Y a-t-il des organismes auxquels s’adresser, pour connaître les aides, faire des études de marché, etc. ?
Aurélia Opoix : Oui, c'est possible. Il existe 4 associations en Île-de-France qui ont créé le Pôle Abiosol (GAB Île-de-France, Réseau des AMAP Île-de-France, Terre de Liens et Champs des possibles). Ce Pôle aide les personnes qui souhaitent tester leur envie de devenir maraîchers. Ils deviennent des "couvées" dans des fermes existantes, de 1 à 3 ans, et prennent en charge une production et une commercialisation.
Au terme de cette période, ils peuvent décider si oui ou non, ils ont envie de devenir exploitant agricole. Et ils en conservent le réseau de distribution acquis durant cet état de "couvée". Ce système fonctionne très bien.
Rémy Didelot : Pour les adultes, il existe une formation appelée le BPREA (Brevet professionnel responsable d'entreprise agricole) maraîchage biologique, dispensée au CFPPA de Brie-Comte-Robert, qui permet d'avoir une formation sur 9 mois et qui peut être passé en préambule à l'état de "couvée".
Pour les jeunes, on peut passer par un cycle de bac professionnel, avec une seconde-première-terminale Production horticole, dont une des options peut être le maraîchage biologique. Ce cycle est dispensé au lycée agricole de Brie-Comte-Robert.
Isa : L'investissement pour se lancer est-il important ? Bénéficiez-vous d'aides en tant que jeunes agriculteurs ?
Aurélia Opoix : On peut bénéficier d'aides en tant que jeune agriculteur avant 40 ans. Le montant de l'investissement dépend de la surface que l'on veut cultiver, de si l'on achète du matériel neuf ou d'occasion, du système de production... Dans notre cas, au démarrage, on a investi environ 100 000 euros : irrigation, serres, achat de tracteur, notamment.
Rémy Didelot : Cela peut aller du simple ou triple selon les cas.
Syl : Bonjour, est-ce qu'il existe des spécialisations bio dans les formations ?
Lola77 : Bonjour, est-ce qu'il y a des formations spécifiques pour cultiver du bio ?
Frankie : Est-ce que tous les lycées agricoles proposent des formations au bio ?
Rémy Didelot : Oui, il existe des formations spécifiques. Il existe une spécialisation dans certains lycées agricoles, mais tous les lycées agricoles ne forment pas à l'agriculture biologique, même si théoriquement, dans les modules, le sujet doit être abordé.
Isa : Bonjour. Vendez-vous également votre production sur les marchés ?
Aurélia Opoix : Non, on vend en AMAP (le consommateur vient chercher son panier de légumes chaque semaine) et on fait de la vente à la ferme.
beto : Vous avez quoi dans votre prochain panier AMAP, par exemple ?
Aurélia Opoix : Poireaux, mâche, laitue, pommes de terre, carottes, oignons, choux, romarin et courge.
Mado : Allez-vous diversifier vos activités avec le temps ? (je pense à la viticulture, à l’arboriculture, à l’agritourisme...).
Aurélia Opoix : Nous avons commencé à le faire cette année avec un atelier de 120 poules pondeuses, 350 fruitiers plantés et la mise en place d’une ferme pédagogique.
Lola77 : Est-ce qu'il existe des formations par apprentissage ? Si oui, est-ce que c'est facile de trouver un employeur ?
Rémy Didelot : Oui, il existe des formations par apprentissage, qui sont dispensées au niveau de certains CFA (Centres de formation agricole).
Aurélia Opoix : Nous avons d'ailleurs en ce moment un jeune apprenti en dernière année de bac pro.
Jay85 : Quelles compétences il faut avoir pour être un bon cultivateur ?
Aurélia Opoix : Des compétences en maraîchage, mécanique, comptabilité, gestion d’une entreprise, compétences en informatique, savoir travailler tout seul ou gérer une équipe, conduire les engins agricoles…
Soso : Quels gestes précis permettent de gagner du temps ou de produire des légumes de belle qualité ?
Aurélia Opoix : Difficile à dire car nous faisons plus d’une quarantaine de variété de légumes et nous apprenons encore et toujours. Nous faisons des rencontres avec d’autres maraîchers afin d’échanger sur nos pratiques, sur les différentes variétés cultivées et les problématiques rencontrées. Il nous arrive de participer à des formations de 1 à 2 jours sur des sujets bien définis. Cela nous permet de continuer à nous améliorer dans nos pratiques.
Ryo357 : Pardon mais je ne comprends toujours pas la différence entre circuit long et circuit court... Rémy dit qu'être en circuit court implique une diversité de production, comment ça ?
Rémy Didelot : Concernant la différence entre circuit court et long, je vous renvoie à notre réponse précédente : c'est une question de nombre d'intermédiaires (un maximum en circuit court) entre producteur et consommateur. Chaque intermédiaire prend une marge dans le coût final du produit. Par conséquent, moins on a d'intermédiaires, moins le produit sera cher.
Pour préciser ce que je disais, un consommateur qui vient chercher des légumes en circuit court cherche aussi une diversité dans sa consommation (on ne vient pas juste acheter des carottes), et donc le producteur se doit d'honorer cette demande de diversité.
Aurélia Opoix : Le consommateur, en faisant appel à des circuits courts, apprécie d'avoir un rapport direct avec le producteur, et donc un lien de confiance avec lui.
Magic Denis : On parle seulement des agriculteurs, mais il existe sûrement toute une variété de métiers de l'agriculture, non ?
Aurélia Opoix : Le mot « agriculteur » englobe toute une gamme de professions : maraîchers, arboriculteurs, apiculteurs, céréaliers, horticulteurs, éleveurs, viticulteurs... (liste non exhaustive)
Bilou : Quelle est la différence entre le bio et la permaculture ?
Aurélia Opoix : Pour faire simple, la permaculture c’est mettre en place un système le plus durable possible, souvent sur des petites surfaces. Par exemple, on n'utilise pas d'engins motorisés mais plutôt le cheval. En agriculture dite biologique nous avons un cahier des charges bien spécifique à suivre selon le label biologique. Mais on peut aussi aller au-delà des obligations du label pour pratiquer une agriculture encore plus durable et plus exigeante.
david44 : Comment traitez-vous vos champs ? Vous n'utilisez vraiment aucun produit ? Vous utilisez des « petites bêtes » qui mangent les « grosses » ? Pour ma part, dans mon petit jardin, j'ai un peu honte mais je crise dès qu'il y a des pucerons sur mes plantes alors je comprends parfois les agriculteurs qui utilisent des produits chimiques.
Aurélia Opoix : Nous travaillons avec des produits phytosanitaires compatibles avec l'agriculture biologique, tels que la bouillie bordelaise. On utilise aussi des insectes, comme les larves de coccinelles contre les pucerons, mais aussi des voilages pour protéger les légumes contre certains insectes, ou des bactéries, et même des acariens contre d'autres acariens !
Pour le désherbage, le travail est surtout manuel, mais nous avons aussi des machines qui nous permettent de désherber, telles que des bineuses à l'arrière du tracteur.
Rémy Didelot : Certains commencent même à utiliser des robots de désherbage.
hohoho : Vous avez un truc contre les limaces ?
Aurélia Opoix : En agriculture biologique, on utilise du phosphate ferrique. Les jardiniers amateurs peuvent mettre de la cendre autour des plantes, ou utiliser une pique à brochette !
Lola77 : Et l'agriculture raisonnée ? Quelle différence avec le bio ?
Aurélia Opoix : On utilise moins de produits chimiques de synthèse.
Gloubby : Vous ne mangez que vos produits ? Vous êtes végétarien/ne ? Un petit McDo de temps en temps, non ?
Aurélia Opoix : Nous ne sommes pas végétariens, mais nous mangeons beaucoup moins de viande, et nous mangeons évidemment nos légumes bio, et n'achetons pas d'autres légumes (pas de tomates en hiver !). Et oui, un McDo de temps en temps pour faire plaisir aux enfants !
jojo : Est-ce qu'il existe des cueillettes bio où les gens viennent cueillir eux-mêmes leurs produits ?
Aurélia Opoix : Oui, ça existe, mais en Île-de-France, il y en a très peu. Il existe des cueillettes, mais non bio pour la plupart.
Le Modérateur : Nous prenons les dernières questions...
Maiy : Bonjour, j'aimerais vraiment faire comme vous. Quels conseils vous me donneriez ? Quelles sont les choses (erreurs) que vous avez faites et que vous regrettez ?
Aurélia Opoix : Je vous conseille de rencontrer des maraîchers afin d’échanger avec eux sur leur métier, leurs contraintes. Des erreurs, nous en avons fait. Ce qui est important c’est de comprendre pourquoi et aussi de demander conseils auprès des collègues maraîchers mais aussi auprès des différents organismes qui peuvent nous aider sur différentes problématiques que nous pouvons rencontrer dans le bio (maladies, ravageurs, …)
Jolan : Pensez-vous qu'un groupement d’agriculteurs peut travailler sur une même exploitation ? c'est-à-dire qu'on est plusieurs à vouloir travailler mais on n’a pas d'argent pour acheter chacun une exploitation
Aurélia Opoix : Oui, c'est ce qui est intéressant aujourd'hui : mutualiser ses compétences et son travail.
Rémy Didelot : On n'est pas obligé d'acheter ses terres, on peut aussi les louer au propriétaire.
Gregoire-44 : Quelle est la qualité de vie d'un maraîcher selon vous ?
Aurélia Opoix : Travailler dehors, respecter son environnement.
michael77 : Par curiosité, est-ce que l'agriculture suscite beaucoup de vocations aujourd'hui ?
Aurélia Opoix : Elle suscite de plus en plus de vocations aujourd'hui. Et en Île-de-France, par le biais d'Abiosol, il est possible de découvrir ce métier concrètement, sur le terrain, pour voir si l'on veut vraiment en faire son métier.
Rémy Didelot : Nous formons actuellement une quarantaine de maraîchers par an. C'est beaucoup plus qu'il y a une dizaine d'années.
micheline77 : Il existe des régions avec un gros déficit d'agriculteurs ? Je veux dire des régions où il serait bon de s'installer dans les prochaines décennies ? (avec éventuellement des subventions)
Rémy Didelot : Agriculteurs c'est un peu vaste, mais concernant spécifiquement les maraîchers, en Île-de-France il y a beaucoup de terres qui ne trouvent pas preneur.
Rémy Didelot : Mais pour autant, beaucoup d'agriculteurs ont du mal à trouver des terres.
fobal22541 : Étant donné que les nouvelles technologies se développent rapidement dans le secteur de l'agriculture, est-ce que vous êtes formé régulièrement ?
Aurélia Opoix : Oui, par nos échanges avec nos collègues, dans des salons sur le matériel agricole, par des formations.
Frankie : Dans une formation, quelle est la part de théorie et la place de la pratique ? Y a-t-il des champs spéciaux pour les étudiants ? Où se passe la pratique ? Et on append quoi comme matière théorique ?
Pamela : Qu'est-ce qu'on apprend concrètement dans une formation d'agriculture. Il y a beaucoup de pratique je suppose...
Rémy Didelot : Dans le cas qui me concerne, les formations pour adultes BPREA, l'équilibre est actuellement 60 % de théorie et 40 % de pratique.
Aurélia Opoix : En bac pro, c'est une semaine en formation et une semaine à l'école, en alternance.
Frankie : Et donc les matières principales c'est quoi ? Faut-il être bon scientifique par exemple ?
Rémy Didelot : Pas forcément. Pour les formations en bac pro, il y a toutes les matières principales (maths, français, anglais...), ainsi que des matières techniques. Pour les formations adultes, ce n'est que de la formation technique.
jojo : Je pratique déjà le jardinage ou le maraîchage. Je me forme seul, par des lectures notamment. Une formation me sera-t-elle vraiment utile ?
Aurélia Opoix : En effet en faisant une formation cela vous permettra d’avoir accès à des connaissances qui pourrait vous manquer (comptabilité, gestion de l’entreprise…) faire des stages et rencontrer des paysans dans le maraîchage et avoir accès à des aides en tant que jeune agriculteur.
Rémy Didelot : Une formation est nécessaire si l'on veut s'installer, car pour être exploitant agricole, il faut un diplôme agricole de niveau 4 (ou avoir travaillé 3 ans dans une exploitation agricole).
Buldozer Ben : Quelles sont les évolutions de demain, à quoi se préparer pour devenir THE agriculteur de demain ?
Aurélia Opoix : Pour qu'un agriculteur puisse vivre de son métier, il doit être en situation de reprendre en main ses coûts de production, en étant moins dépendant des intermédiaires. Quand on est en circuit court, on est en capacité de gérer ses coûts du début à la fin, jusqu'au prix des légumes qu'on vend. Dans notre cas, on n'a que 4 hectares mais, en étant en circuit court, on arrive à en vivre (4 à 5 personnes) et à nourrir 250 familles.
Ouzo 2S : À votre avis, les agriculteurs biologiques pourront-ils un jour nourrir toute la planète ?
Rémy Didelot : Sans aucun doute !
Aurélia Opoix : Je pense que c'est possible si l'on réfléchit tous. Il faut juste qu'on ait cette réflexion au niveau mondial.
Rémy Didelot : Actuellement, on jette environ 40 % de ce qui est produit. Si on réduisait ce gâchis, on pourrait sans problème nourrir toute la population.
Marci beaucoup : Si on vous proposait un poste en or dans votre ancien domaine, en déco. Vous lâcheriez votre exploitation ?
Aurélia Opoix : Non, parce que nous sommes maintenant nos propres patrons. Nous gérons notre exploitation. Malgré un travail pas toujours facile, nous avons gagné en qualité de vie. Pour moi, c'est un boulot en or !
michael77 : Des conseils de sites web, de blogs, de sources pour ceux qui auraient envie de suivre de près les évolutions, les réformes et se préparer à l'agriculture de demain ?
Rémy Didelot : Renseignez-vous en priorité auprès de la Chambre d'agriculture, du GAB et de l'ITAB.
Le Modérateur : Le tchat se termine. Aurélia et Rémy vont conclure...
Aurélia Opoix : N'hésitez pas à rencontrer des agriculteurs, pour parler avec eux et comprendre leur métier. Merci de vos questions, et bonne journée !
Rémy Didelot : Tout à fait d'accord ! Bonne journée à toutes et à tous !
Le Modérateur : Merci à toutes et à tous de votre participation.
Merci à Aurélia et Rémy pour leurs réponses et leurs conseils.
Vous retrouverez la retranscription des échanges très prochainement.
Nous vous souhaitons une très belle fin d'année !
À bientôt !