Revivez le tchat avec Romuald
Segure, chargé d'affaire dans
l'aéronautique

Date de publication : 4 juin 2013

Romuald Segure, chargé d'affaires chez Dassault Aviation, a répondu à toutes vos questions sur son métier et son parcours, mercredi 19 juin. Voici l'intégralité des échanges.

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Soyez vigilants sur la date de publication de la retranscription du tchat qui correspond au jour du témoignage de l'invité(e). Certaines formations ou diplômes peuvent avoir évolué au gré des réformes. N'hésitez pas à utiliser notre moteur de recherche pour connaître les formations qui mènent à ce métier et les modes d’admission actuels. 

Modérateur : Bonjour et bienvenue à ce tchat avec Romuald Segure, chargé d’affaires chez Dassault Aviation.

Romuald Segure : Bonjour à tous. C'est avec un grand intérêt que je viens aujourd'hui "tchatter" avec vous, afin de vous présenter mon métier et l'environnement qui lui est associé. J'attends vos questions !

René : Pouvez-vous présenter votre société et ce sur quoi vous travaillez ?

Romuald Segure : Je travaille chez Dassault Aviation, qui emploie 8 000 personnes, réparties sur plusieurs sites, dont celui d'Argenteuil auquel je suis affecté. Le site d'Argenteuil a en charge une partie de la fabrication d'avions civils (exemple : le Falcon), ainsi que d'avions militaires comme le Rafale. Pour fabriquer l'avion sur Argenteuil, la moitié des pièces seront approvisionnées à l'extérieur. J'ai en charge, avec mon équipe, de réussir à obtenir les pièces dans des délais courts, avec la qualité requise.

Mike : En quoi consiste votre métier au quotidien ?

Romuald Segure : Au quotidien, mon métier consiste à approvisionner les pièces servant à la construction des différents avions. Cela commence à l'appel d'offres, puis à la réalisation des commandes jusqu’à la mise en stock des pièces en magasin. A cela viennent s'ajouter différents projets répartis dans l'équipe. Nous avons le lancement d'un nouvel avion en cours, qui mobilise une grande partie de nos ressources. Les critères délai, coût et qualité sont des points essentiels dans le choix des sous-traitants.

Tahira : J'aimerais savoir quelles études il faut faire pour pouvoir exercer votre métier ?

Caroline : Quelles études faut-il faire pour pouvoir faire votre métier ?

Jeanphi : Comment devenir un professionnel de l'aéronautique comme vous ?

Thibs : Quelles études faut-il faire pour exercer votre métier ?

Romuald Segure : Pour le métier de chargé d'affaires, un bac +2 pour le domaine du technique : chaudronnier, fraiseur, conception de produits industriels (CPI). Le côté technique est important : il permettra d'estimer le prix d'une pièce, ainsi que son délai de fabrication.

Namax : Bonjour. Quelqu'un avec un simple CAP peut-il postuler chez vous ?

Romuald Segure : Dassault est preneur de tous les diplômes, du CAP jusqu'au diplôme d'ingénieur. Enormément de métiers sont représentés sur le site d'Argenteuil. Par exemple : ajusteur, fraiseur, chaudronnier, électronicien...

Dylan : Qu'est-ce que vous avez fait comme étude ? C'est ce que vous vouliez faire plus jeune ?

Romuald Segure : J'ai réalisé un bac STI, suivi d'un BTS productique mécanique. A la fin de mes études, j'ai intégré une société d'aéronautique, dans laquelle j'ai exercé la fonction de technicien méthodes, pendant 7 ans, avant d'intégrer Dassault.

Tictac : Quels sont les métiers qui ont véritablement un avenir ?

Avionneur : Pensez-vous que ce secteur soit un secteur d'avenir, et pourquoi ?

Romuald Segure : Dans l'aéronautique, tous les secteurs ont un avenir car l'automatisation des tâches est très difficile à mettre en œuvre. L'assemblage d'un avion étant précis, l'être humain a toute sa part dans le processus. Au vu des carnets de commandes ainsi que du développement mondial, l'utilisation d'avions reste pour les années à venir un moyen incontournable.

Vlad : Etiez-vous déjà passionné d'avion ou vous avez choisi cette branche par hasard ?

 

Romuald Segure : Je n'étais pas forcément passionné d'avions. Mais le domaine technique restait quelque chose que j'envisageais pour l'avenir. Après obtention de mon diplôme, beaucoup de portes se sont ouvertes. Le domaine aéronautique est celui qui m'a semblé le plus intéressant. Faire voler un avion de plusieurs tonnes relève de compétences techniques que je voulais partager.

Rémi : Êtes-vous amené à vous déplacer dans le cadre de votre travail ?

Romuald Segure : Oui, je dois me déplacer régulièrement aux quatre coins de la France afin de vérifier la bonne fabrication de nos pièces chez nos différents sous-traitants. Cela permet de faire un point sur les plannings et aussi de remonter les problèmes techniques qu'ils peuvent rencontrer.

Agnès : Dans votre métier, vous avez l'occasion de travailler sur des avions entiers ou vous ne voyez que des pièces détachées ? 

Romuald Segure : Argenteuil réalise l'assemblage d'une bonne partie de l'avion. Sur le Rafale, 80 % de l'avion est fabriqué sur le site. Il restera, du côté de Bordeaux, l'assemblage des ailes et les peintures de finition.

Caroline : Travaillez-vous en équipe ?

Romuald Segure : Non. Seuls les compagnons en atelier travaillent en équipe.

Allio : Votre travail, c'est plus technique ou commercial ?

Romuald Segure : 50 / 50. Si vous voulez négocier un prix de pièces raisonnable, vous devez connaître le processus de fabrication de celles-ci. Vous servez aussi d'interface au niveau des questions techniques que les sous-traitants seront à même de vous poser.

AC270 : Êtes-vous directement employé chez Dassault ou chez un organisme traitant pour Dassault ?

Romuald Segure : Directement chez Dassault Aviation.

Math : Ca ressemble à quoi une journée type ? Bureau ou voyages ? C'est quoi vos horaires ?

Romuald Segure : Une journée type au bureau... Première chose : vérifier que toutes les pièces demandées en chaîne soient présentes en stock (point planning). Ensuite, relance des fournisseurs afin d'obtenir des délais pour les pièces manquantes. Côté technique, traitement des nouvelles pièces (dossiers techniques à réaliser, modèles numériques en 3D - CAO - à exporter aux sous-traitants). Et pour finir, souvent, répondre aux e-mails et surtout aux avancées techniques soulevées par les sous-traitants.

Caroline : Avez-vous fait un BTS en alternance ?

MarKes : Peut-on rentrer en apprentissage dans le domaine de l'aéronautique en tant que technicien ? J'essaye en ce moment de trouver une entreprise d'aéronautique pour mon BTS Electrotechnique en alternance.

Romuald Segure : Non, je n'ai pas fait un BTS en alternance, même si avec du recul, j'aurais peut-être préféré choisir cette branche. De plus en plus de sociétés recrutent par le biais de l'alternance, dans l'aéronautique en général. Après obtention du diplôme, la personne est embauchée le plus souvent en CDI.

Caroline : Avec l’obtention d'un BAC scientifique, je suis intéressée par le domaine de l'aéronautique, quelles études pouvez-vous me conseiller ?

Romuald Segure : Orientation vers un diplôme d'ingénieur, avec poursuite dans les écoles spécialisées dans l'aéronautique (Sup'Aéro, Arts & Métiers, ...).

Merio : Est-ce que votre entreprise recrute ? Quels sont les secteurs qui recrutent chez vous ?

Claiudiua : L’aéronautique, un secteur qui recrute ou non ?

Romuald Segure : Notre entreprise recrute actuellement. Nous sommes à la recherche de deux chargés d'affaires en sous-traitance. Sinon, le secteur aéronautique est très porteur d'emplois en ce moment. Tous les domaines sont concernés : chaudronniers, ajusteurs, peintres, etc.

John : Comment expliquez-vous qu'il y ait autant de postes à pourvoir dans les entreprises de votre secteur et peu de demandeurs finalement ?

 

Romuald Segure : Les mots ne sont peut-être pas "vendeurs"... Que ce soit dans le métier de l'aérospatiale ou même dans les filières lycéennes, le mot "chaudronnerie" peut faire peur. Pourtant, c'est un métier très noble qui recouvre la fabrication de pièces cruciales pour l’avion. Par exemple, la mise en forme du métal afin d'obtenir une pièce permettant de maintenir le moteur est tout aussi importante qu'une pièce dessinée sur informatique par un ingénieur.

Kinette : Femme de 44 ans, pas du métier avant, je viens de suivre une formation de 3 mois de peintre aéronautique. Connaissez-vous les sociétés qui ont de la demande dans ce domaine sur la Haute-Garonne pour envoyer ma candidature ? Merci.

Romuald Segure : Quatre grandes sociétés de traitement de surfaces ont des difficultés à recruter des peintres aéronautiques et beaucoup d'offres d'emploi sont ouvertes dans ce domaine. Je citerais les sociétés PMA, du côté de Marignane, Mécaprotec dans votre région, et bien d'autres encore...

Manue : Y a-t-il plus d'hommes ou de femmes dans votre métier ?

Romuald Segure : Nous sommes à 80 % d'hommes. Mais les femmes se manifestent de plus en plus et obtiennent des postes et des tâches équivalentes aux hommes. Il n'y a pas de discrimination à l'embauche dans ce domaine.

Caroline : Quels sont les différents chemins pour accéder au métier de pilote ?

Marie : Habitant en Ile de France, avec des résultats moyens, comment peut-on devenir pilote, sans intégrer une école d’ingénieur ou une école préparatoire ?

Romuald Segure : Je ne suis pas de bon conseil pour ces questions. Je travaille dans la construction aéronautique, pas dans les métiers de l'aérien. Ne pas confondre, ce sont deux secteurs très différents !

Marie : Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

AC270 : Quels sont les principaux avantages et inconvénients de votre poste/métier ?

Romuald Segure : Ce qui me plaît le plus, c'est d'être en contact régulier avec le tissu industriel français. Je vois tous les jours des nouveaux procédés de fabrication, ainsi qu'une volonté d'améliorer les performances quant à la réalisation des pièces. Les avantages sont le fait de pouvoir toucher plusieurs domaines permettant de mener à bien la fabrication d'une pièce. En revanche, pas le droit à l'erreur : si la pièce n'est pas en chaîne ou si elle est non conforme, l'avion ne peut pas décoller. Et l'arrêt de la chaîne de production est la pire situation qui puisse arriver.

René : Pour vous, quelles sont les qualités à avoir pour travailler dans l'aéronautique ?

Romuald Segure : Pour ce qui me concerne, le relationnel envers les sous-traitants, ainsi qu'avec la chaîne, est une qualité requise afin de pouvoir débloquer certaines situations critiques. La gestion de son temps, en raison des différentes tâches qui peuvent nous incomber, est aussi très importante.

Kinette : Quelles compétences majeures doit avoir un(e) ouvrier du secteur aéronautique ?

Romuald Segure : Les compétences dépendent du métier. L'important, c'est de savoir que chaque produit doit être traité comme un produit unique.

Loic : Et sans être indiscret, quel est votre salaire ?

LILO : Vous êtes bien payé ?

Benjamin : Combien peut-on espérer gagner en début et en fin de carrière en exerçant votre métier ?

Romuald Segure : Concernant mon salaire actuel, après 12 ans passés dans l'aéronautique, je suis actuellement à 2 000 euros net. A cela viennent s'ajouter diverses primes (intéressement, participation...) à prendre en compte dans la somme globale. Celles-ci peuvent représenter jusqu'à 7 000 euros par an pour la part Dassault. Toutes les sociétés ne pratiquent pas des primes identiques.

Math : Est-ce que ta boîte prend des stagiaires ?

Romuald Segure : Dassault ne recourt pas aux stagiaires, en raison des différents droits d'accès et des normes militaires dues à la fabrication du Rafale.

 

Dominique_favel : La plupart de la documentation aéronautique est en anglais il me semble. Quel niveau de langue faut-il avoir ? Merci

Caroline : L'anglais est-il important pour votre métier ?

Romuald Segure : Personnellement, je n'ai pas un niveau excellent en anglais. Ce n'est pas dommageable, car les documents que j'utilise ne sont pas rédigés dans cette langue. En revanche, avoir un niveau d'anglais technique correct peut permettre d'intégrer certains services qui travaillent particulièrement avec des sociétés étrangères. Toutefois, des formations internes sont souvent prodiguées pour mettre à niveau les demandeurs.

Antoine : Bonjour. Je prépare un bac éco.Y a-t-il une place dans l'aéronautique pour ce type de profil ? Si je décide de suivre une filière universitaire, que me conseillez-vous ? (je n'ai pas le niveau pour intégrer une école de commerce... et pas l'envie non plus). Merci

Romuald Segure : En principe, ce secteur recherche plutôt des profils techniques. Un bac économique n'est pas forcément recherché, que ce soit pour la fabrication des pièces ou même pour leur achat à l'extérieur.

René : Y a-t-il des passerelles chez vous ?

Juju : Est-il facile d'évoluer dans ce domaine ?

Romuald Segure : Il y a des passerelles possibles dans l'aéronautique. Beaucoup de mes collègues ont commencé en tant que compagnons dans l'atelier et sont actuellement chargés d'affaires en sous-traitance.

Enzo : Pourriez-vous me donner des astuces pour avoir plus de chances lors d'un éventuel recrutement chez vous ? (présentation du CV, contenu de la lettre de motivation, conseils lors des entretiens...)

Romuald Segure : Avant tout entretien, pensez à bien prendre connaissance de la culture de la société (quels sont les produits fabriqués, ...). L'honnêteté et la motivation sont les qualités les plus prisées lors d'un entretien.

Kinette : Connaissez-vous des manuels ou revues "pédagogues" dans les différents métiers de l'aéronautique, qui peuvent nous aider à augmenter nos compétences ?

Romuald Segure : Je suis lecteur d’Air & Cosmoset deL'Usine Nouvelle, grâce auxquels on peut se tenir informé des nouveaux procédés. Ces magazines comportent aussi des offres d'emploi dans le domaine de l'aéronautique.

Allio : Pour quelles raisons recommanderiez-vous votre métier ?

Romuald Segure : Je recommanderais mon métier car il a de l'avenir en matière d'emploi. L'évolution de l'aéronautique est en marche. L'écologie est au cœur des préoccupations. Les avions du futur seront des avions dits "verts" et demandent un fort développement.

René : Quels sont vos projets pour l'avenir ?

Romuald Segure : Continuer de mener à bien les projets qui me sont proposés et, pourquoi pas, devenir le responsable de ces projets.

Modérateur : Le tchat se termine. Romuald, le mot de la fin ?

Romuald Segure : Faire ses preuves est quelque chose de très important. La récompense sera à la hauteur des efforts fournis. J'espère avoir répondu à un maximum de vos demandes. Le domaine de l'aéronautique est large, à vous de choisir votre filière.

Modérateur : Merci à tous de votre participation.


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