Revivez le tchat avec Tania,
masseuse kinésithérapeute

Date de publication : 15 décembre 2017

Une entorse, une scoliose, une fracture, une bronchiolite : autant de situations où des séances chez le masseur-kinésithérapeute s'imposent. Ce métier vous intéresse ? Tania Martins, masseuse-kinésithérapeute à l’hôpital Cochin (AP-HP), a répondu, mercredi 13 décembre, à toutes les questions que vous vous posez sur sa profession. Comment y accéder ? Où l’exercer ? Quels sont les débouchés ? Retrouvez l'intégralité des échanges.

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Soyez vigilants sur la date de publication de la retranscription du tchat qui correspond au jour du témoignage de l'invité(e). Certaines formations ou diplômes peuvent avoir évolué au gré des réformes. N'hésitez pas à utiliser notre moteur de recherche pour connaître les formations qui mènent à ce métier et les modes d’admission actuels. 

 

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Bonjour, je suis Tania Martins, masseuse-kinésithérapeute de 32 ans, je travaille à l'hôpital Cochin ( AP-HP ) depuis 4 ans dans le service de rhumatologie sur plateau technique, équipé en matériels de rééducation performants ainsi que d'une balnéothérapie. Je travaille au sein d'une équipe pluriprofessionnelle de rééducation, prenant en charges des patients hospitalisés pour des courts séjours. Je suis également chargée en tant que tutrice de stage de la formation des étudiants kinés et participe à des projets hospitaliers.

Le Modérateur : Bonjour ! Aujourd'hui, nous accueillons Tania Martins, masseuse-kinésithérapeute à l'hôpital Cochin, pour répondre à vos questions sur son métier, son parcours, les études à faire, etc. Bon tchat !

Tania Martins : Bonjour à tous. Je suis ravie d'être là, et j'essaierai de répondre au mieux à vos questions, afin de vous éclairer sur mon métier et les études nécessaires pour y accéder.

Mae : Quelles études faire pour ce métier ?

Tania Martins : L'accès aux études de kiné se fait à travers 3 filières. Il faut avoir validé soit la 1re année de médecine (PACES), soit la 1re année de STAPS, soit la 1re année de sciences de la vie (biologie). *

Il faut se renseigner auprès des différents instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK), pour connaître la fac avec laquelle ils sont conventionnés, et le nombre de places réservées aux 3 filières.

A l'issue de cette première année universitaire, seront sélectionnés les meilleurs dossiers pour l'entrée en IFMK.

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*L'accès à la formation a évolué. Consultez notre fiche.

maria : Bonjour. Est-ce qu'il va y avoir prochainement un changement au niveau de l'admission en IFMK ? Ou faudra-t-il passer par PACES ?

Tania Martins : Non. Il y a eu une réingénierie des études il y a 3 ans, avec le passage des études de 3 à 4 années de formation.

WilLaos : Peut-on passer de STAPS et se spécialiser sur la voie de kiné ?

Tania Martins : Oui, effectivement. Il faut voir avec les instituts le nombre de places réservées pour les reconversions professionnelles.

pololo : Quelles sont les formations obligatoires ?

Tania Martins : Les 4 années de formation en IFMK qui mènent au diplôme d'État de masso-kinésithérapie.

mlleedaj : Bonjour, la fac de bio constitue-elle un choix judicieux pour ensuite entamer une école de kinésithérapie ?

Tania Martins : C'est l'une des 3 filières possibles. Si l'on a plus de facilités en biologie, cela peut être mieux de choisir cela comme voie d'entrée.

Sopina : J'ai entendu parler de la Belgique pour faire ses études de kiné mais je ne me souviens plus dans quel intérêt ?

Tania Martins : En effet, dans le passé, l'entrée dans les écoles était très difficile, car il existait un concours d'entrée. Certains élèves choisissaient de faire leurs études dans des écoles européennes, pour revenir ensuite exercer en France, en demandant une équivalence à travers l'autorisation d'exercice en France.

Il n'existe plus de concours, donc autant tenter sa chance en France. Si vous devez partir, partez plutôt dans les pays ressortissants de l'Union européenne, car autrement l'équivalence est plus difficile à obtenir à votre retour.

marth : Quel bac est utile pour faire votre métier ?

LULU : Faut-il avoir obtenu le bac S ou est ce possible après avoir obtenu un bac STL bio ?

Tania Martins : Effectivement, la majorité des élèves entrent par la voie du bac S. Exceptionnellement, des élèves peuvent venir de bacs ES, L ou autres, mais c'est plus difficile.

Laurie : Bonjour est-il possible de devenir kinésithérapeute en sortant d'un bac ES ?

Tania Martins : Oui, c'est possible. C'est plus exceptionnel, et les élèves ont tendance à plus peiner dans les premières années.

Isa : Bonjour, pouvez-vous nous parler du métier de kiné ? Quels sont les qualités à avoir pour exercer ?
Tania Martins : Les savoir-faire du kiné sont de conduire et de réaliser l'évaluation du patient, afin d'élaborer un diagnostic en masso-kinésithérapie et, de cette façon, établir des objectifs de soins. Une fois ces objectifs de soins formulés, on va concevoir et conduire un plan d'intervention en masso-kinésithérapie, en mettant en œuvre la prise en charge au travers d'actes et de techniques de soins de rééducation.

Le kinésithérapeute doit également savoir conduire des démarches de conseil et d'éducation thérapeutique, de prévention et de dépistage en kiné et en santé publique.

Il doit être capable d'établir, d'actualiser et de mettre en œuvre des procédures et des protocoles de rééducation. Il est aussi amené à concevoir des projets de recherche (notamment à l'hôpital, à travers des projets de soins et de recherche hospitalière). Il peut informer et former des professionnels, notamment les stagiaires kiné.
Et, du point de vue administratif, il doit savoir rédiger des comptes-rendus relatifs aux observations et interventions dans son activité : on appelle cela la traçabilité.

Enfin, il doit être capable de travailler en équipe pluriprofessionnelle, ce qui pour moi est l'une des raisons pour lesquelles j'aime travailler en milieu hospitalier.

Isa : Faut-il avoir un bon relationnel ?

Tania Martins : Quand on traite un patient, on le prend en charge en suivant un modèle biopsychosocial. On tient compte à la fois des facteurs biologiques et pathologiques du patient, de l'atteinte psychologique, de l'état psychologique et émotionnel et de tout le contexte social dans lequel le patient s'insère (habitationnel, familial, professionnel).

De cette façon, la relation soignant-patient est très importante pour la prise en charge du patient, ainsi que la relation entre soignants et avec toute l'équipe pluriprofessionnelle qui travaille dans l'objectif commun d’assurer la meilleure prise en charge possible du patient.

Mattéo : Est-ce que vous avez toujours voulu faire ce métier ? Est-ce que les études sont compliquées ?

Tania Martins : Oui, c'est un métier que j'ai toujours voulu faire. J'ai toujours eu envie de faire un métier dans le soin. Le métier de kinésithérapeute est très riche et diversifié, en constante évolution, où l'on peut travailler dans différents domaines, ce qui est très épanouissant du point de vue professionnel.

Les études sont composées de 4 années de formation en IFMK, réparties en 2 cycles :
- le 1er cycle, ce sont les 2 premières années, est dédié à l’acquisition des connaissances générales. Dans ce 1er cycle, on fait la découverte et l'analyse de la démarche thérapeutique, on est initié au parcours patient, et on aborde les différentes pathologies rencontrées par le kiné.

C'est là aussi qu'on fait la découverte des différents domaines kiné (musculo-squelettique, cardio-respiratoire, neuromusculaire, gériatrie, pédiatrie, uro-génital pour hommes et femmes).

- le 2e cycle, les 2 années suivantes, permet la mise en pratique et l’approfondissement des connaissances acquises à l'école et sur les terrains de stage.

lulu69 : Il y a des stages lors de la première année de médecine ou lors des 4 ans de formation ?

Tania Martins : Les stages se font tout au long des études kiné, de la 1re à la 4e année. C'est selon le programme des études.

maria : Faut-il être costaud pour faire ce métier ou la technique suffit-elle ?

nanettepoulette : Est-ce que kiné est un travail fatigant physiquement ?

Tania Martins : Je ne suis pas forcément moi-même très costaud... Mais effectivement, cela requiert une bonne condition physique, et d'aller régulièrement au gymnase !

Pendant les études, se fait l'apprentissage de techniques ergonomiques pour traiter le patient de la façon la mieux adaptée, pour lui comme pour nous.

Greg : Qu’est ce qu’un kiné Mézières ?

Tania Martins : Un kiné Mézières est un kiné qui travaille selon la méthode Mézières, et qui s'est formé à cette méthode, qui est plus un travail de rééducation posturale. Moi-même, je ne suis pas méziériste.

Sylvain-dery : Quelle différence y a t-il entre ostéo et kiné ?

Tania Martins : La kiné est une profession paramédicale reconnue et encadrée par la loi. Les médecins prescrivent de la kiné, et c'est pris en charge par la Sécurité sociale.
L'ostéopathie est une profession de soins qui a connu un développement exponentiel, qui repose sur peu de preuves scientifiques, et n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale.
La kinésithérapie encourage beaucoup plus l'autonomisation du patient que l'ostéopathie et autres thérapies manuelles.

Rose77 : Bonjour, est-ce que l'on peut exercer en libéral également ? Si oui, est-ce que c'est plus compliqué que de travailler à l'hôpital ?

Isa : Pourquoi avoir fait le choix de travailler en hôpital ? Avez-vous également travaillé en cabinet (replacement par exemple) ?

Gegemmlle : Pourquoi n'êtes-vous pas en libéral ? Quel est le plus de travailler à l'hôpital ?

Sonia77 : Bonjour, est-ce que c'est plus difficile de travailler dans un hôpital comme vous le faites ou dans un cabinet privé ?

Tania Martins : J'ai choisi de travailler en milieu hospitalier, car c'est celui avec lequel je m'identifie le plus.
Je peux vous parler des avantages de travailler en milieu hospitalier  :
- la diversité des pathologies rencontrées dans les services, notamment les pathologies plus rares et complexes ;
- le travail en équipe pluriprofessionnelle, avec médecins, infirmiers, psychologues, assistantes sociales, ergothérapeutes, diététiciens, orthoprothésistes, podologues, APA... ;
- la formation des étudiants en kiné, même si on peut aussi le faire en libéral ;
- l'accès à la formation continue, avec plusieurs offres de formation APHP et Topo du Service, qui nous permettent de nous tenir actualisés et informés ;
- la participation à des projets de soins hospitaliers et de recherche ;
- la participation à des actions de sensibilisation à l'importance du mouvement, et de prévention ;
- la possibilité de prendre en charge les patients, individuellement ou collectivement, avec la possibilité de créer des groupes de rééducation, comme pour la prévention des chutes, ou des programmes de réentraînement à l'effort pour les lombalgiques ;
- l'attractivité des horaires (35 heures/semaine et RTT) ;
- tous les avantages sociaux liés au statut de salarié.

On a la possibilité d'exercice mixte (hôpital + cabinet libéral), de travailler à temps partiel et de poser des dispos, c'est-à-dire qu'on peut partir créer des projets personnels et revenir si on le souhaite.

djib : Quels sont les débouchés sur le marché du travail ?

Tania Martins : Les débouchés :
- l'activité salariée et libérale ;
- l'enseignement ;
- l'ouverture sur la recherche ;
- l'encadrement, en tant que cadre de santé.

Luc : Utilisez-vous du matériel de réalité virtuelle (casque) pour faire faire certains exercices à vos patients ?

Tania Martins : Oui, en milieu hospitalier, l'utilisation du matériel de réalité virtuelle est en développement, et beaucoup de patients apprécient l'aspect ludique de ce type de soins.

lulu69 : L'hôpital peut-il nous payer nos études en échange de quelques années de travail ?

Tania Martins : En effet, il existe des contrats pendant les études qui permettent à l'étudiant de se faire financer ses études, mais après, il devra des années à l'hôpital. Il faut se renseigner auprès des IFMK.

Tomg : Quelles sont vos horaires de travail ?

Tania Martins : 8 h 30 à 16 h 30. A l'hôpital, les horaires de travail sont beaucoup plus attractifs qu'en libéral, où ils sont beaucoup plus lourds.

dany : J'aimerais bien devenir kiné mais le chemin à parcourir, notamment les études, me paraît compliqué. Je ne sais pas si j'en serai capable.

Tania Martins : En effet, ce sont des études exigeantes, qui demandent de la constance, de la régularité, de l'assiduité, et des facilités pour mémoriser les différents apprentissages : anatomie, physiologie, pathologie, méthodes d'évaluation kiné, techniques de rééducation...

Il faut savoir transférer ses connaissances d'un domaine à l'autre, avoir des qualités de synthèse, et être à l'aise avec son corps et celui des autres !

Camao : Est-ce que c'est possible de se spécialiser ? De travailler avec des groupes / des thématiques qui nous touchent particulièrement ?

Tania Martins : En effet, pendant ses études, ce qui est intéressant, c'est qu'on va être introduit aux différents domaines kiné, et en fonction de nos goûts personnels, on pourra ensuite décider de se former et de se spécialiser dans un domaine plus spécifique, et travailler dans ce domaine, particulièrement en cabinet libéral.

Rose77 : Une fois admis dans une école de kiné, quelles sont les chances d'obtenir le diplôme au bout des 4 ans d'études ?

Tania Martins : Si l'on est rigoureux tout au long de ses études, on a toutes les chances d'obtenir son diplôme au bout des 4 ans.

Tomg : Vous êtes-vous spécialisée dans un domaine de la kinésithérapie ?

Tania Martins : Oui, je travaille en plateau technique (gymnase), avec des patients hospitalisés, présentant majoritairement des pathologies chroniques, type lombalgie, cervicalgie chronique. Je travaille donc majoritairement dans la gestion de la douleur.

Camao : Et qu'est-ce qui est dur parfois dans ce métier ? Ou bien les choses auxquelles il faut s'habituer ?

Tania Martins : Ce qui est dur dans ce métier, souvent, c'est d'apprendre à gérer la douleur des autres. Toute la journée, on entend parler de douleur. Il faut prendre une certaine distance, pour se protéger soi-même.

Isa : Quel est le salaire pour un kiné à l'hôpital et en libéral (une fourchette) ?

Rose77 : Est-ce que le lieu d'exercice a un impact sur la rémunération ?

Tania Martins : En milieu hospitalier, comme nous faisons partie de la fonction publique, ce sont des salaires moins élevés. Néanmoins, il y a eu récemment un changement de grille salariale. Dans les années qui viennent, on peut s'attendre à une amélioration plus significative des grilles salariales.

A partir de 2018, en début de carrière, on est environ à 1 600 euros.
En fin de carrière, à 2 400 euros. Avec passage d'échelon environ tous les 2-3 ans.

Je ne peux répondre que pour le milieu hospitalier, n'ayant jamais travaillé en milieu libéral.

Nicolas : Bonjour, quel classement faut-il obtenir pour avoir kiné en PACES ?

Tania Martins : En fonction des facs, cela dépend beaucoup du classement et des places disponibles, mais il est important d'avoir un bon dossier pour être bien classé, et donc avoir plus de chances d'entrer en IFMK.

Tomg : Quelles sont les pathologies les plus fréquentes à soigner ?

Tania Martins : A l'hôpital, les plus fréquentes sont les pathologies chroniques, telles que les lombalgies, les cervicalgies, l'arthrose, les scolioses... On rencontre aussi des pathologies orthopédiques comme les pathologies postopératoires après prothèse totale de hanche, de genou ou d'épaule, et les rachis opérés.

Rose77 : Est-ce qu'il y a d'autres débouchés en dehors de l'hôpital ou d'un cabinet en libéral ?

Tania Martins : En établissement hospitalier, on peut travailler en plateau technique (gymnase) ou en chambre, au lit du malade, dans les médecines internes, la réanimation, l'orthopédie, la gériatrie.

On peut travailler en maternité / néonatologie, en centre de rééducation.
On peut également travailler en activité libérale (cabinet libéral, maison de santé). Et aussi dans les associations, salles de sport, et auprès des équipes sportives (kiné du sport).

Le Modérateur : Le tchat se termine. Tania le mot de la fin ?

Isa : Quels conseils donneriez-vous à de futurs étudiants en kiné ?

Tania Martins : Si c'est vraiment une profession qui vous passionne, accrochez-vous, soyez rigoureux, car ça vaut vraiment la peine, c'est une très belle profession ! Je suis très fière de faire ce métier.
Merci à tous, j'espère vous avoir aidés, bonne journée !

Le Modérateur : Merci à toutes et à tous de votre participation.  Nous remercions également Tania pour ses conseils et ses réponses.

lulu69 : Merci à vous d'avoir répondu a nos questions cela m'a été très très utile


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