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Journaliste : Bonjour et bienvenue sur le tchat vidéo de l’Onisep. Nous accueillons aujourd’hui, à l’occasion de la proche venue de la fête de la musique, Thomas Parth. Thomas, bonjour !
Thomas Parth : Bonjour !
Journaliste : Vous êtes musicien, auteur, compositeur. Vous allez nous parler de votre parcours et de votre métier. Je vous propose de vous présenter.
Thomas Parth : Je suis Thomas Parth. J'ai fait des études qui n'ont rien à voir avec la musique, mais je suis quand même entré dans le métier. Aujourd'hui, je fais à peu près deux cents dates par an, des concerts de reprise, et des compositions. Je travaille avec des musiciens et des compositeurs, entre autres pour Warner, qui tournent avec pas mal de vedettes de la variété française. Dans mon métier, je touche à pas mal dechoses différentes.
Journaliste : Quels musiciens ?
Thomas Parth : Ces musiciens travaillent avec des gens connus, mais eux ne sont pas au-devant de la scène. Ils travaillent avec des gens comme Christophe Maé ou Julie Zenatti.
panou44:Comment est venue ta vocation pour la musique ?
Thomas Parth : J'écoute de la musique depuis que je suis tout petit. Mon père écoutait Simon & Garfunkel, Léonard Cohen... J’ai grandi avec la musique folk et pop. Ça m'a beaucoup aidé dans mon adolescence, dans les petits moments de détresse, de me réfugier dedans.
Quand j'étais en 6e, je jouais déjà. Je chantais des chansons à la fin de l'année devant la classe, des reprises de chansons de Michel Sardou… en changeant les paroles... Après, j’ai continué. Je faisais des concerts de garage avec des potes... Et un jour, j’ai constaté que j'avais ça en moi, que je ne pouvais pas m’en passer, que c’était ma façon de m'exprimer.
Journaliste : La vocation est venue tôt ?
Thomas Parth : La vocation a toujours été là, oui.
Philo : A quel moment tu t'es dit que tu allais en faire ton métier ?
Thomas Parth : Quand j'ai passé le bac et que j'ai commencé les études supérieures et qu’en fait il n'y avait rien qui me convenait (je les faisais pour faire plaisir à la famille), j'ai eu l'occasion de faire des stages et de rencontrer des gens qui travaillaient pour un magazine de rock qui s’appelait Rock Sound. Cela m'a permis de faire quelques interviews de groupes comme K’s Choice et Stéréophonics.
J'accompagnais l'intervieweur, par exemple Louise Attaque. Je me suis retrouvé derrière la scène. J’écrivais mes papiers. Je voulais essayer d'être journaliste dans la musique. Je voulais prendre la place de Philippe Manœuvre, à l'époque ! Ça a bien changé depuis... Et en fait, je me suis dit que j'avais besoin de chanter, d'exprimer les textes. Donc j'ai décidé de faire des petits boulots, jusqu'à trouver les contrats.
Gino : Tes premiers morceaux, albums, concerts, contrats... tu t'en souviens ?
Thomas Parth : Les premiers morceaux, c'est quand j'étais ado. Ce sont des morceaux qui me servent encore aujourd'hui. Ils sont restés là et je les ai ressortis. Il y en a qui sont très vieux. J’ai changé les paroles, les arrangements, mais la base est là. Les premiers contrats payés, c'était dans des petits bars dans le 94, où j'habite. Là, tout de suite, on est super content. Les tout premiers, c’était des petits cachets. Après, lorsqu’on reçoit la première fiche de paie avec écrit « musicien » dessus, là, ça fait plaisir.
Journaliste : C’est venu rapidement ces premiers cachets ?
Thomas Parth : Rapidement. J’ai décidé d’être musicien après des vacances en Angleterre, à Canterbury, avec des potes musiciens, où on a joué dans la rue, du Beatles, du Radiohead, devant le public anglais (on a attaqué par le plus dur !). Et comme ça marchait, quand je suis revenu, je me suis dit que c'était bon, que j'allais chercher des bars. Comme on avait bien bossé, on a essayé de transformer l’essai à chaque fois et que les bars nous rappellent.
Vlad72 : Ce qui te fait le plus plaisir dans ce métier ?
Thomas Parth : C'est la libération quand je chante. Ce plaisir de pouvoir un peu « gueuler » ou faire passer les émotions, d’avoir le droit de les faire passer parce je suis sur scène. C'est un instant de liberté totale. Il y a aussi le côté séduction vis-à-vis du public, évidemment, car c'est agréable de se sentir aimer. On fait un peu ce métier pour cela. Mais l’essentiel du plaisir c’est de sentir que les gens sont là, et de se libérer, de pousser la voix, de sortir de soi.
Il y a une sorte de double personnalité : on a une vie et la vie sur scène. En tout cas, personnellement, ma vie normale ne ressemble en rien à celle de la scène. Ce sont deux mondes différents. Je ne vais pas jouer la star en allant chez des potes. Il y en a qui le font, mais moi, non. C'est une sorte de docteur Jekyll et Mr Hyde. Sans le côté mauvais.
Anthony : Qu'as-tu fait comme études pour devenir auteur, compositeur, arrangeur ?
Thomas Parth : Je n'ai pas fait d'études par rapport à ça. J'ai fait des études de commerce, après un bac commerce. Je voulais aller à la Sorbonne en lettres modernes. Au collège, je ne faisais pas grand-chose. En fait, j'ai été pris sur dossier en IUT commerce. Et après en école de communication, dans l'espoir d'être journaliste, ou dans la publicité éventuellement, mais toujours dans la communication.
Et en fait, je ne suis pas allé au bout des études de communication, car j'ai commencé à faire les stages. Et j'ai pris la décision à ce moment-là de devenir musicien. C’était une vraie décision. Je ne me suis pas dit : j'arrête les études et on verra ce qui se passe. C'était vraiment : je me lance à fond dedans.
Musica : Tes différentes activités te suffisent-elles pour vivre ou as-tu un autre métier à côté ?
Thomas Parth : Mes activités musicales me suffisent. Entre les concerts de reprise faits à Paris, les soirées privées, les contrats pour certains artistes, je vis bien de ma passion. Je touche du bois pour que ça continue.
Leni : J'imagine que ce n'est pas facile de démarcher les bars, les salles, les producteurs ? C'est quoi le plus dur pour toi ?
Thomas Parth : Le plus dur, au début, c’est de démarcher les bars, car il faut s'attendre aux refus. Il faut relancer les gens, négocier les tarifs. Et il y a une image du musicien, saltimbanque, contre laquelle il faut aller. Alors il faut y aller en montrant qu'on est sérieux. C'est vrai qu'on n'est pas aidés, car beaucoup de gens dans ce métier prennent ça à la légère. Au début, il faut prendre son courage et y aller ; faire les premières scènes, se retrouver face à du monde... Moi, ça m'a coûté pas mal de nausées au début.
Démarcher auprès des producteurs ? Je suis sur MyMajorCompany, ce n’est pas le même concept. En même temps, Internet, c'est très cruel à ce niveau-là : les gens sont devant leur écran, et s'ils n'aiment pas, ils ne font pas de cadeau.
Journaliste : Dans le démarchage des bars, tu présentes une maquette, un CD ?
Thomas Parth : Je présente une maquette ou j'arrive avec ma guitare. Je me branche une heure et je joue pendant qu'il n'y a personne. On fait un test.
Journaliste : Ton expérience d'école de commerce t’a-t-elle servi pour ça?
Thomas Parth : J'imagine. Je ne pourrais pas en quoi, mais je pense que quelque chose a déteint. Il y a certainement une approche du client, ou du moins de l'employeur...
Journaliste : Une approche professionnelle ?
Thomas Parth : Oui, je pense.
lapeyre_pathom:As-tu déjà fait de la télévision ?
Thomas Parth : Pas spécialement. Je suis déjà passé dans des extraits de festival ou des trucs comme ça. Je n'ai pas fait une émission de télévision en particulier. J’ai failli : je devais chanter en février aux Victoires de la musique avec Christophe Maé, faire une sorte de parodie avec lui. Mais ça a été annulé le jour même.
Journaliste : Tu sais pourquoi ?
Thomas Parth : On prévoyait de faire une sorte de sketch, car j'imite un peu Christophe Maé. Je pense qu’ils ont annulé pour une histoire de timing, ou de « on ne rigole pas avec ça ». Ce que je comprends très bien car Christophe Maé était nominé. Ça ne s'est pas joué à grand-chose.
Bernard : Pour intégrer le marché du travail, est-ce plus difficile d'être chanteur, musicien ou technicien ?
Thomas Parth : Ce sont vraiment trois métiers différents. Le plus dur, je dirais c’est d’être chanteur. Un musicien peut intégrer plusieurs formations, suivre plusieurs chanteurs. D'ailleurs, je conseille à tous les gens qui veulent être musicien de ne pas se fixer sur un groupe, sous prétexte que ce sont des potes et qu'on leur doit une certaine fidélité. Il faut absolument faire du relationnel, aller jouer à droite et à gauche et dire aux gens qu'on est disponible.
Le technicien, lui, aura des contrats, en télé, en ingénierie son, en prise son. Le plus dur, c'est d’être chanteur, surtout si on veut présenter son univers. Cependant, on peut intégrer des orchestres, des orchestres de soirées privées. Il y a des gros orchestres sur Paris, à 15 personnes, qui embauchent trois chanteurs, deux chanteuses. On peut trouver du boulot. Mais c'est plus pratique pour un guitariste ou un ingénieur du son de trouver du boulot.
bilou85 : Pour être musicien, il faut un bon carnet d'adresses, non ? Comment
assures-tu ta promo perso ?
Thomas Parth : Pour être musicien, il faut savoir maîtriser son instrument. Si on veut être musicien avec des contrats réguliers, oui, il faut un carnet d'adresses. Cela ne veut pas dire connaître des célébrités. Comme c’est un métier qui marche au relationnel, il faut montrer qu'on est là. Il ne faut pas attendre qu'on vienne frapper à votre porte. Je ne parle même pas des contrats avec des maisons de disques, je parle des autres contrats. Il faut rencontrer des gens, des groupes, faire des cartes de visite, les donner. Il faut rencontrer des musiciens et leur dire : « si tu as besoin d'un guitariste, d'un batteur, d’un chanteur, prends ma carte, je suis disponible ». Après, ça peut aller très vite sur la Toile : on est recommandé, un musicien en conseille un autre, qui en rencontre un autre et ça va de plus en plus vite.
Journaliste : Il faut se préparer à faire de la communication. Avoir une carte de visite, c'est déjà la base de la communication.
Thomas Parth : Pour trouver des contrats, il n'y a pas de secret, soit on passe sa vie à démarcher des bars, soit on rencontre des musiciens, on va les voir jouer. C'est ce que j'ai fait. Et à un moment, les gens t'appellent. Il faut laisser des traces partout.
Momo:Qu'est-ce qui différencie un bon musicien d'un très bon ? En résumé, qu'est-ce qui fera qu'un artiste réussira plus qu'un autre ?
Thomas Parth : Qu'est-ce qui fera qu'un artiste marchera mieux qu'un autre ? Je n'en sais rien. Ça dépend du goût des gens, de la sensibilité, l'honnêteté… Je ne sais pas. Surtout qu’aujourd'hui, il y a beaucoup d'artistes. On est dans une société d'artistes jetables, qui durent beaucoup moins longtemps. Qu'est-ce qu'il faut faire pour durer ? Il faut être phénoménal, avoir une bonne communication avec son public, un talent… Je ne sais pas...
Qu’est-ce qui différencie un bon musicien d’un très bon musicien ? Un très bon musicien s'adapte à tout. Il peut être un virtuose d'un instrument, mais il ne va pas en mettre trois tonnes sur un sujet qui n'en n’aura pas besoin. La compétition entre musiciens existe, mais quand on travaille pour un artiste, il faut respecter le cahier des charges et s’y tenir. Il faut être à l'écoute de l'artiste et savoir s'adapter. Si, en plus, on a des idées, des arrangements, ça s'est super. Mais dans la pratique, le très bon musicien est celui qui va faire les choses propres, de manière disciplinée, celui qui va être à l'heure…
Journaliste : Ce n'est pas forcément au niveau de la technique, alors ?
Thomas Parth : non, ce n'est pas au niveau de la technique.
J'ai la guitare qui me démange... : Pour conserver ou atteindre un bon niveau, j'imagine qu'il est nécessaire de jouer plusieurs heures chaque jour. C'est ton cas ? Merci.
Thomas Parth : Pour avoir un bon niveau, oui, quand même. Comme tout instrument, ça s'apprend. Et la voix aussi. Moi, à force de faire deux cents dates par an, j'ai développé une technique. J'ai suivi quelques cours de chant qui m'ont bien développé aussi. Mais oui, il faut travailler son instrument. Il faut le maîtriser un minimum : on ne peut pas se pointer sur un sujet sérieux en sachant faire trois accords. C’est du travail.
Journaliste : Qu’est-ce que tu appelles quelques cours de chant ?
Thomas Parth : J'ai pris une dizaine de cours de chant avec une amie à moi, Emilie, qui m'a donné plutôt des cours de respiration pour gagner en endurance. Je pense que j'en prendrais de nouveau d'ici peu car j'estime qu'on n'a pas assez d'une vie pour maîtriser un instrument, même vocal. Je n'ai pas envie de stagner. Le peu de cours que j'ai pris avec cette amie m'a apporté beaucoup : des techniques psychologiques, par exemple. Le fait d'imaginer que l’on joue dans une salle beaucoup plus grande que celle dans laquelle on est, pousse, inconsciemment, à envoyer beaucoup plus.
Ben : Tu es un de ces artistes inscrits sur MyMajorCompany, peux-tu nous parler un peu de cet univers des sites participatifs ? Et du point de vue des artistes et comment ils voient ce phénomène qui se développe de plus en plus sur le web ?
Thomas Parth : C'est vaste ! MyMajoyCompany, c'est un site participatif. Les gens misent sur un artiste, ils donnent de l'argent, ils le sponsorisent. Ça va de 10 à 1 000 euros. Quand l'artiste atteint 100 000 euros, il est produit. Chaque producteur va recevoir un intérêt sur les ventes au prorata de sa mise.
L'intérêt que j'y trouve, c'est qu'on n'est pas entendu par un ou deux producteurs. On a derrière soi des centaines de gens qui vont donner leur avis. Je trouve que c'est plus précis que de tomber sur un mec qui va dire « je n’aime pas, ce n’est pas bon ». Là, on est en rapport direct avec le public. Quand cent personnes vous disent : « je trouve qu'il n'y a pas assez d'émotion dans ta façon de chanter telle chanson », on se remet en cause, quand même. Bien sûr, tout est relatif. Ce n’est pas parce que quelqu’un n’aime pas la chanson qu’il ne faut pas la faire. Il faut garder une intégrité artistique.
Ce système permet de rester dans un univers intègre : on ne va pas tomber sur un producteur qui va juste dire « il n’y a pas de single dans ce que tu fais, je n’en veux pas » ; on va tomber sur des gens qui disent « tu ne vas peut-être pas vendre des millions d'albums, mais ta musique nous parle ».
Après, c’est un choix. Soit on décide de devenir une star et de vendre des millions d’albums en étant prêt à ne pas faire spécialement la musique que l’on aime, soit on fait la musique que l’on aime et l’on peut, ou non, vendre des millions d’albums. Mais on est heureux car on fait la musique que l’on aime.
Avec MyMajorCompany, je développe mon côté artistique. Je vis bien à côté. Je peux me permettre de faire cela. C'est un petit défouloir.
Journaliste : MyMajorCompany te permet d'avoir un auditoire différent ?
Thomas Parth : Oui, et de montrer que je ne suis pas seulement capable de faire des reprises. Et du coup les gens viennent me voir en concert de reprise. Avec MyMajor, je complète mon côté artistique. Je suis plus dans l'artistique que dans le professionnel.
Et pour ma promotion, j’utilise Facebook. En ne marquant que des liens professionnels sur la page. Un petit conseil : faites très attention à ce que vous mettez sur Facebook. N'hésitez pas à avoir la prétention de choisir les photos que vous mettez, ne laissez pas n'importe qui mettre n'importe quelle photo. Il faut faire attention à l'image que vous véhiculez. Si vous mettez une maquette en ligne, il faut qu'elle ait un minimum de qualité. C'est important. La première image, la première écoute est très importante. Elle crédibilise ou pas. Et ne pas surcharger d’infos inintéressantes. C'est très rare que je mette sur ma page quelque chose qui n'a rien à voir avec mon actualité. En revanche, je marque tout ce que je fais, que je serai en concert à tel endroit, que je serai à l'Onisep...
Aurély : Tu penses réussir à décrocher les 100 000 euros nécessaires pour avoir ton album produit par MyMajorCompany ?
Thomas Parth : Oui. Mais quand ? Je ne sais pas. Ce qui est bien, c'est que je peaufine au fur et à mesure. J'avance. Je fais des compos, je les retravaille. Ce n'est pas plus mal de ne pas avoir les 100 000 euros qui tombent en un mois, et d’être obligé ensuite de s’enfermer un an chez soi à faire des compos avec la pression sur soi.
Personnellement, je suis bien, je vis une belle aventure, je rencontre des artistes MyMajor qui sont super, qui ont beaucoup de talent aussi. C'est très prétentieux ce que je viens de dire ! Ils sont super et ils ont beaucoup de talent, c'est ce que je veux dire. Cela permet de faire des petits duos. Hier, quatre ou cinq sont venus à l’endroit où je joue, c'était chouette.
Journaliste : Tu en es à un peu plus de 16 000 euros, c’est ça ?
Thomas Parth : Là, je suis à 16 700 euros.
Journaliste : Et tu as 6, 7 compos ?
Thomas Parth : 6, oui. Et bientôt, il y en aura d'autres. Ce qui encore plus intéressant c’est que, maintenant, je travaille avec d'autres artistes de MyMajorCompany. Je fais une chanson avec une artiste, dont je garde le nom secret, qui est très bien placée, elle.
Journaliste : Cela fait combien de temps que tu es inscrit ?
Thomas Parth : Depuis janvier. Un conseil : préparez bien votre projet avant de vous inscrire. Je me suis inscrit avec des chansons plus ou moins « tests », la moitié est partie... Ce n'est pas bon. Il faut que vous ayez des belles photos, des chansons vraiment prêtes. Moi, je pense que j'ai perdu du temps à tester le système. Il faut faire le truc le plus pro possible.
Lucie : Si MyMajorCompany ne donne rien que feras-tu ? Envisages-tu de te reconvertir professionnellement je veux dire ? Merci bien !
Thomas Parth : MyMajorCompany, ce n'est pas mon métier. Si elle ne me donne rien, ce n'est pas grave. Je continuerai à faire des concerts et à promouvoir ma musique pas d’autres moyens. Ce n'est pas MyMajorCompany qui me fait gagner ma vie. Elle ne me rapporte rien.
Journaliste : Mais ça ne coûte rien non plus ?
Thomas Parth : Non, mais ça me coûte du temps, de l’énergie. Ça n’a rien à voir avec mon métier.
Leni:Et Myspace ?
Thomas Parth : MySpace, je n'adhère plus, je trouve que le son est pourri. Tout simplement. Si on a un compte Facebook, et qu'on n'a pas de compte MyMajor, il faut trouver une plateforme qui diffuse. Cela peut être MySpace ou Youtube. L'avantage de MyMajor, c'est qu'il y a tout sur une page : des infos, un forum dédié à l'artiste, un super son, des vidéos, des photos. Pour ceux qui n’ont pas de compte MyMajor, MySpace, oui, mais je trouve qu'on y perd beaucoup au niveau son.
Journaliste : Il y a une perte d'influence chez les musiciens déjà, sur MySpace.
Thomas Parth : Je ne sais pas. Mais c'est quand même mieux que Deezer.
Michel:Comment as-tu connu MyMajorCompany ? Tu ne vas pas critiquer le système mais ne trouves-tu pas que ça sent la grosse arnaque marketing ?
Thomas Parth : Non. J'ai connu MyMajorCompany en octobre dernier en faisant un concert avec Grégoire et Joyce Jonathan. J'ai fait un gala à Avignon avec eux. Ils m'ont expliqué le système. J'ai posé des questions précises. Ils avaient l’air content. Je me suis dit : il n'y a rien à perdre.
La grosse arnaque marketing ? Non, je ne suis pas du tout d’accord avec ça. Il y a de l'argent, c'est sûr. Dans MyMajorCompany, on met de l'argent, mais on peut récupérer la mise. Il y a 22 000 artistes environ dont 50 %, peut-être, sont à zéro. A chaque fois que quelqu'un mise 10, 20 euros, ou plus, sur un pote qui s'est inscrit, l’argent arrive chez MyMajorCompany. Sur 10 000 artistes qui ont un début de public, ça fait en effet une grosse somme qui fructifie. Mais MyMajorCompany, ce n'est pas mère Teresa, c'est du commerce et c’est une maison de disques comme une autre (qui donne quand même deux fois plus à l'artiste qu'une maison traditionnelle). L'argent est aussi reversé au public.
Et ce que les gens ne comprennent pas, en tout cas quand on pose ce genre de question, c’est que MyMajor s'engage à produire un album et à fournir une promotion de base. Mais elle ne s’engage pas au succès grand public de l’album. J'ai l'impression que beaucoup de personnes ne comprennent pas ça. Un artiste peut atteindre les 100 000 euros parce qu’il est resté trois ans, mais si l'artiste ne marche pas, il ne marche pas. Il y en a qui s'en vont aussi.
MyMajor ne garantit pas le succès commercial. Il garantit la fabrication d’un CD. Après, il y a des artistes comme Irma. Elle a fait 75 000 euros en deux jours. Elle était déjà connue sur Internet. Elle vient de sortir et on la voit partout. Mais c’est parce qu’elle a tout de suite été accrochée par un tourneur.
Journaliste : Le tourneur, c'est celui qui organise les spectacles.
Thomas Parth : Oui. Irma a eu tout de suite un tourneur qui s'est dit : ça, c'est béton, ça va marcher. Il faut garder les pieds sur terre, il ne faut pas croire que si l’on a les 100 000 euros, on va rentrer chez soi en limousine... Ce n'est pas une arnaque marketing. Le contrat est clair dès le début.
lapeyre_pathom : Aimes-tu chanter plus en français ou en anglais ?
Thomas Parth : J'ai longtemps eu une petite préférence pour l'anglais, mais je pense que je commence vraiment à prendre goût au français maintenant. J'ai écouté beaucoup de français, j'ai eu un peu peur de me lancer, mais maintenant, j'aime beaucoup écrire en français. Si j'avais pu chanter un peu en anglais, je l'aurais fait aussi, mais j'ai envie de faire passer un message, alors plutôt que de le dire dans un anglais pas mauvais mais pas au top, je préfère le dire en français. Je pense qu'on a une belle langue, je m'efforce à la travailler.
lapeyre_pathom:Tu as l'air très structuré dans ton travail !
Thomas Parth : Oui, très. C'est la base de tout pour moi. Ce qui ne veut pas dire ne pas faire des chansons qui sonnent un peu « roots ». Ce n'est pas quelque chose de forcément très droit, très froid dans la production, mais au niveau du travail, je ne serai jamais en retard à un rendez-vous, je m'applique à faire les choses en temps et en heure, et j'ai la même exigence avec les musiciens avec lesquels je travaille.
cocci:Tu écris les paroles avant la musique ou la musique avant les paroles ? Bref comment crées-tu une chanson?
Thomas Parth : J'écris la musique avant. Je prends ma guitare, je me balade dans l'appart. Je joue. J'ai des briques de mélodie qui viennent. J'enregistre. Ça aussi c’est important : il faut enregistrer. Vous prenez votre téléphone portable, ou autre, vous enregistrez. Sinon, on ne s'en souvient plus. J'ai des briques de mélodie qui vont m'inspirer un thème. A partir de là, je « fais du yaourt » un peu, et ça prend forme.
Journaliste : Les musiciens commencent souvent par la musique, non ?
Thomas Parth : Non, je ne suis pas sûr. Certains musiciens mettent les mots d’abord, et trouvent la musique ensuite, selon les pieds. Moi je n’ai pas cette façon de travailler. J’ai besoin de créer une ambiance. Le sujet vient en fonction de ce qui va ressortir.
Journaliste : Ça t'est venue comment cette façon de travailler ?
Thomas Parth : Ça a toujours été comme ça. Avant d'oser écrire en français, on « yaourte » beaucoup. Il n’y a pas vraiment de sujet. C'est surtout une façon de chanter, soit très triste, soit très enjouée. Mais il n'y a pas de parole vraiment. On crée une ambiance. Et maintenant je fais comme ça.
Journaliste : Ce n'est pas le fait d'avoir pris des cours qui te fait agir comme ça ?
Thomas Parth : Non, pas du tout. Je préfère juste faire comme cela.
Asclan:As-tu un projet concret musicalement parlant ?
Thomas Parth : Oui ! Un album sur MyMajorCompany. Un projet concret, c'est un album. Après ce sera MyMajorCompany ou ailleurs, je ne sais pas, mais j'aimerais avoir douze titres qui me ressemblent, un bel album que je sois fier d'écouter et de faire écouter et de défendre. J’aimerais faire des concerts et des scènes avec mes chansons. Je me suis inscrit sur MyMajor pour cela.
lapeyre_pathom : Combien de temps en moyenne pour écrire une chanson ?
Thomas Parth : Je ne peux pas répondre à ça. Je n'en sais rien du tout. Il y a des chansons que j’ai écrites il y a quinze ans ! Et il y a une chanson, qui s'appelle Je triche, que j'ai faite en six heures : l'idée, le texte, l'enregistrement. J'étais chez un pote à Nantes, j'étais dans une ambiance propice à ça. Six heures après, la chanson était enregistrée. Je n'ai jamais fait aussi rapide, et c'est un de mes titres préférés.
Journaliste : Moi aussi !
Thomas Parth : Et il y en a d'autres qu'on ressasse pendant des mois, qu'on n'arrive pas à terminer, qu'on jette à la poubelle, et on y revient des années après. Et puis, clac ! on trouve le truc !
Journaliste : Six heures c’est pas mal !McCartney disait qu’il avait écrit Michelle, ma belle en dix minutes...
Thomas Parth : C'était McCartney!
Floriankyle : Bonjour, vous n'avez jamais eu envie de tout envoyer balader, votre guitare et votre carrière de musicien avec toute cette précarité ? Comment faites-vous pour persévérer dans cette voie malgré tout ?
Thomas Parth : Non, je n'ai jamais eu envie de tout envoyer balader. Je ne persévère pas, je suis bien ! J'ai tout fait à la base pour ne pas être dans cette situation-là. J’ai tout fait pour me dire : j'entre dans ce métier, pas en touriste, mais en professionnel. Je suis à l’heure au rendez-vous, avec une guitare qui marche et accordée quand je commence à jouer. C'est important de ne jamais se retrouver avec une prise jack qui ne marche pas, sans cordes de rechange si on en casse une. C'est le minimum ! Il faut être à l'heure, choisir les chansons qu'on chante, ne pas se lancer dans des trucs infaisables.
Il faut une discipline de fer pour être crédible auprès des employeurs et du public. Il ne faut pas avoir peur de travailler chez soi, de se remettre en cause, il faut bosser. C'est un métier qui a trop une image de glandeur. Et pourtant, il faut bosser, comme dans tous les métiers. Pour l'instant, je n'ai pas de précarité. Dans vingt ans, je ne sais pas, mais je compte bien continuer dans la musique, passer en production, donner des cours de chant. Il faut voir loin, bosser et être carré.
Journaliste : N'est-ce pas là où réside le succès, le fait d'arriver à en vivre?
Thomas Parth : C'est complètement ça.
Journaliste : C'est le conseil que tu peux donner aux gens qui nous regardent ?
Thomas Parth : Aux gens qui nous regardent, je dis : bossez ! Ne vous pointez pas dans des plans en n'ayant pas travaillé, en n'ayant pas le matériel nécessaire. C’est un vrai métier, c’est votre entreprise, il faut la vendre.
Journaliste : Peux-tu nous parler du statut d'intermittent du spectacle, qui est un peu particulier ?
Thomas Parth : Pour passer intermittent du spectacle, il faut avoir 43 cachets déclarés en onze mois. Donc concerts, contrats déclarés. Il faut être inscrit aux Assedic au régime général, avant. Idéalement, ne pas le faire au moment où on a les 43 cachets, car les Assedic font une moyenne et si on s’inscrit en fin d’année, il y a six ou huit mois qui sautent. La première année, on risque de toucher peu car la moyenne est faussée. Il faut 43 cachets par an, et tous les ans. Donc il faut «se bouger». 43 cachets, c'est un cachet par semaine.
Journaliste : Un cachet, cela veut dire que toutes les cotisations sont payées... Cela garantit que le travail a été effectué en règle.
Thomas Parth : Oui. Et ce travail est comptabilisé par les Assedic comme un cachet. On nous envoie un papier en disant : vous avez 43 cachets, vous êtes intermittent du spectacle. C'est un régime particulier aux artistes. Et l'année suivante, on touche tous les mois quelque chose. On déclare les jours où on n’a pas travaillé à la fin du mois. Et ils nous remboursent ces jours, sur une base. C'est un chômage spécifique.
Journaliste : L'ANPE du spectacle existe toujours?
Thomas Parth : Oui. Je ne sais plus comment on est appelé. Il n'y a pas écrit « musicien » sur la fiche, on a un code... Quand j'ai reçu la première fiche, je n'ai pas compris ce que c'était. Ils m'ont entouré le code – je ne sais plus lequel - qui signifiait que j'étais intermittent du spectacle. La première année, c'est dur d'avoir les cachets. Une fois qu'on les a, la vie, elle change. Car tous les mois on est sûr d'avoir une rentrée d'argent. Après, c'est à nous de faire le plus de cachets possibles. Plus on fait de cachets, plus on va gagner l'année suivante.
Soph22: Comment savoir si on peut devenir chanteuse ? Il faut voir un professionnel qui nous dit si on a une bonne voix ?
Thomas Parth : Je ne sais pas quoi répondre... Oui, il faut avoir une bonne voix. Déjà, il faut chanter juste. Après, la voix, on n'est pas obligé de s'appeler Maurane, ou d’avoir un coffre extraordinaire. On peut avoir une petite voix, mais chanter juste, et avoir un style. On peut dérailler un peu, mais pas sur toute la chanson. Il faut se métier des annonces dans les magazines, des gens qui donnent des cours de chant, le coaching vocal. Avec tout ce qu'on a eu, les Star Academy et autres, ça fait dix ans que tout le monde pense pouvoir chanter sans avoir à travailler, qu'il suffit de savoir chanter sous sa douche. Il y a un gros commerce autour de cela. Il y a des gens qui vivent de ça, qui profitent de la crédulité des gens. Méfiez-vous de ça. Les cours de chant, c'est bien. Choisissez bien votre prof. Ne prenez pas n'importe qui. Il faut se sentir à l'aise. Il ne faut pas confondre le côté paillettes et le côté pro.
lapeyre_pathom : Voudrais-tu parler de l'association Faire face que tu défends
Thomas Parth : L'association Faire face est dédiée aux enfants malades de la région Paca (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Elle est située à Avignon. C'est une association qui s'occupe des enfants atteints de cancer, leucémie, sida, etc. Ça fait 24 ans qu'elle existe. Elle est tenue par une femme admirable, Deborah, qui est le genre de personnes qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie. C'est une nana dévouée depuis 24 ans à cette cause.
L’association ne vit d’aucune subvention, juste de dons. Au niveau relationnel, elle a fait très fort : en 24 ans, elle a réussi à faire venir à ses galas du « très lourd » musicalement, en tout cas en variété française. Elle a fait venir Christophe Maé, Stéphanie de Monaco, Claudia Cardinale. Tous les ans, elle donne un gala à l'opéra d'Avignon, avec 1 200 personnes. Cette année, c'est le 15 octobre. Je ne sais pas encore qui est annoncé, mais il faut y aller. Et plusieurs fois par an, elle donne des petits galas. J'en ai donné un récemment avec Lââm, c'était super sympa. J’ai rencontré par hasard cette association. Et je suis tombé amoureux des gosses. Ils sont top, ils te remettent les choses en place.
Journaliste : Pour en savoir plus, il y a le site web : www.faireface.org .
Thomas Parth : C'est une belle association. Et je sais où va l'argent. Il n'y a pas de blabla, il n'y a aucun détournement, l’argent est vraiment pour les gosses, pour qu'ils sortent, qu’ils s'amusent.
Danielle:Quel est ton meilleur souvenir depuis que tu fais de la musique ?
Thomas Parth : Ça, c'est dur, car il y en a eu plein ! Je pense que c'est quand même quand j'ai commencé à faire les premiers concerts avec les potes. On ne savait pas jouer. Dès qu'on trouvait quelque chose qui ressemblait à une chanson qu'on connaissait, c'était l'extase. Les premières « répets »… ça ne sonne pas une cacahuète, mais on ne se rend pas compte, et là on est bien ! Cette fraîcheur du départ... avant qu'il y ait une pression professionnelle qui prenne le dessus.
Il y a aussi des moments de fous rires en studio, des moments à travailler avec des musiciens de Christophe Maé, par exemple, à avoir une complicité avec eux. Mais c'est quand même la fraîcheur du début, et pourtant, on s'est pris des « vautres ».
Amélie : Le conseil que tu donnerais à quelqu'un qui veut se lancer?
Thomas Parth : Je le répète : il ne faut pas prendre la chose à la légère. Il faut être discipliné, bosseur. Il ne faut pas se dire : je vais faire un contrat, ou un concert tous les trois mois. Il faut y aller vraiment. Il faut se laisser un an ou deux, mais faire des cartes de visite, faire des maquettes, rencontrer quelqu'un qui peut vous enregistrer. Avec un Mac, on peut facilement et rapidement faire des maquettes. Et il faut s'appliquer. Je m'applique dans tout ce que je fais. C'est un vrai métier, une vraie voie professionnelle. Il y a des débouchés, et on peut vraiment gagner sa vie, se faire plaisir, même très bien gagner sa vie. Mais ne pas confondre professionnel et vedette. Il faut faire ça bien, carré, droit, que les professionnels nous respectent. Il faut qu'ils sachent que, quand ils vous appellent, ça va le faire. Il faut se vendre. C’est comme lorsqu’on crée sa boîte, on vend un savoir-faire.
Journaliste : La fête de la musique approche. Tu as des projets spécifiques ?
Thomas Parth : Ce n'est pas encore certain, mais avec d'autres artistes de MyMajor, on devrait se réunir dans Paris, sûrement dans la rue, avec une petite sono. Je pense qu'on va faire un gros bœuf ensemble, peut-être dans le bar où je joue. Je le cite : la Taverne de Cluny, 51 rue de la Harpe, dans le quartier de St Michel. Souvent, des artistes viennent y jouer, il y a Lââm qui est venue il n'y a pas longtemps. Notre quartier, c'est les « métalleux », ceux qui font du métal, donc en général, on n'entend pas grand-chose. Pour ceux qui veulent, je mettrai des infos sur ma page Facebook.
Journaliste : Merci beaucoup d'avoir suivi ce tchat. Il sera mis en ligne à l'occasion de la fête de la musique. A bientôt pour un nouveau tchat vidéo de l'Onisep. Au revoir. Thomas Parth va nous jouer un morceau qui s'appelle Un Secret.
Modérateur : Le tchat se termine. Merci à tous de votre participation.