Présentation de Philippe Hayat et de son association 100 000 entrepreneurs
Question d'un internaute : Philippe Hayat, quelle est la mission de votre association 100 000 entrepreneurs ? Et quel est le parcours qui vous a conduit à créer 100 000 entrepreneurs ?
Philippe Hayat : 100 000 Entrepreneurs transmet l'envie d'entreprendre aux jeunes. A partir de la 4e, 3e, collège, lycée, enseignement supérieur, on sensibilise tous les élèves scolarisés à l'acte d'entreprendre. On envoie des entrepreneurs dans les classes, et par la force du témoignage, ils essayent de leur donner envie. On a vocation à intervenir dans les filières générales, techniques, professionnelles et dans les cursus d'enseignement supérieur.
Onisep : De quelle façon intervenez-vous?
Philippe Hayat : On forme un entrepreneur au départ, on lui transmet les clés pour s'exprimer devant les jeunes. Ensuite, on se charge du rendez-vous avec l'enseignant. Il arrive dans la classe, il raconte son aventure, répond aux questions des élèves, échange avec eux pendant deux heures, et à l'issue de ça, il aura raconté son aventure, il aura fait comprendre ce que veut dire entreprendre, fait comprendre le monde de l'entreprise, et aura relié les études des élèves avec le monde de l'entreprenariat.
Onisep : C'est votre objectif ?
Philippe Hayat : Oui, c'est de dire aux jeunes: vous avez un talent, un projet, cherchez-le, portez-le, prenez votre vie en main. Ensuite, leur dire qu'ils seront aidés dans leur projet et dans leur démarche. Nous leur disons également de persévérer dans les études.
Onisep : Vous les trouvez comment, ces jeunes ?
Philippe Hayat : Assez frileux, quand ils allument la télé, ils entendent qu'ils sont un problème à longueur de journée : ils n'auront pas de retraite, pas d'emploi, pas de stage... Nous, on est là pour leur dire qu'il n'y a pas de fatalité, qu'ils ont forcément un talent, qu'il faut le chercher et porter leur projet.
Question de Jérôme: Pourquoi cette envie de transmettre ? Tous les entrepreneurs ont-ils la même vision que vous ? Sont-ils formés pour intervenir auprès des jeunes ?
Philippe Hayat : Oui, ils sont formés. Nous avons monté un kit d'intervention qui consiste pour un entrepreneur à raconter son aventure en posant seulement des questions. Au lieu de dire: "Je fais des logiciels", il va dire: "Je fais des logiciels, qui sait ce que ça veut dire? Qui les fabrique? Etc." En laissant aux élèves le soin de formaliser les réponses, on les fait rentrer plus facilement dans l'univers de l'entrepreunariat. J'ai toujours eu l'envie de transmettre.
Le contact avec les jeunes m'a beaucoup séduit parce qu'ils posent beaucoup de questions et permettent à chaque fois de se remettre en question. Je me suis dit que c'était bien de parler à des Bac + 5, mais que c'était bien aussi de parler à des jeunes de collège. J'ai eu la chance de grandir dans une famille d'entrepreneur, donc j'entendais ce genre d'histoire le soir à la maison. Mais pour les autres, c'est difficile de se dire qu'on peut être entrepreneur.
Question de Sylvain: Comment réagissent les élèves à ces interventions ?
Philippe Hayat : Il y a souvent des jeunes scolarisés entre la troisième et le bac + 5, et s'ils sont dans des classes de 30, il y a 200 000 classes à visiter, il faut donc 100 000 entrepreneurs pour que tous les élèves rencontrent un entrepreneur chaque année. L’entrepreneur pose la question: qui veut entreprendre ? Personne ne parle, ils sont tétanisés. Donc il se met à poser des questions. Avant de repartir, il repose la question: "Qui veut entreprendre?" Il y a quinze doigts qui se lèvent sur trente. Quinze élèves se disent que c'est peut-être une voie possible pour eux.
Onisep : Tous les établissements jouent le jeu?
Philippe Hayat : On travaille avec tous ceux qui veulent travailler avec nous. En Ile-de-France, en Aquitaine, Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Limousin... Sur ces régions, qui couvrent environ 75% des besoins en France, c'est possible. On travaille avec des contrats avec l'éducation nationale, avec le rectorat. On appelle le chef d'établissement pour leur demander la possibilité d'intervenir dans leur établissement. On a aujourd'hui une grande majorité des chefs d'établissement qui nous disent: "Ça m'intéresse, mais ce n'est pas la priorité du moment car j'ai d'autres activités, on se rappelle dans quatre mois", mais jamais de refus catégorique sur ce qu'on fait. On a bouclé notre quatrième année scolaire l'année dernière. On est rentré dans plus de 1 000 établissements.
Onisep : Le monde enseignant n'est peut-être pas si fermé au monde de l'entreprise.
Philippe Hayat : Prenons le cas des 3e : 20% des 3e suivent une option découverte professionnelle, et ils sont très demandeurs. Dans les lycées techniques, les enseignants sont déjà habitués, donc ça marche très bien. Pour les BTS également, ça marche très bien. On a un peu plus de mal à rentrer dans les filières générales car il y a un tel parcours jusqu'au bac et jusqu'au diplôme que tout ce qui n'est pas dans le programme est difficile à faire entrer dans les heures de cours. On a plus de difficultés dans l'université également où il y a une méconnaissance totale du monde de l'entreprise. Mais les choses changent. Lentement mais sûrement.
Question d'Edouard: Est-ce que vous proposez des visites d’entreprises à des jeunes dans votre association ? Comment faire pour en bénéficier ? Existe t-il un système de parrainage ?
Philippe Hayat : En fait, nous organisons des interventions d'entrepreneur, l’entrepreneur est présent dans une classe. L’entrepreneur s’inscrit sur notre site www.100000entrepreneurs.com et nous lui fournissons un créneau dans un établissement. L’enseignant qui cherche à faire intervenir un entrepreneur s’inscrit sur le site de la même manière.
Onisep : C'est une association à but non lucratif.
Philippe Hayat : Tout à fait. On l'a financée par des sponsorings d'entreprises qui nous accompagnent, d'organisations, de la taxe d'apprentissage qui sert à financer les supports pédagogiques qu'on fournit aux collèges.