Revivez le tchat sur les métiers
du numérique et des sciences
informatiques

Date de publication : 13 octobre 2022

À l'occasion de la fête de la science (7 au 17 octobre 2022), Rémi Ferrand, délégué général de Talents du numérique et Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria ont fait le point sur les métiers du numérique et des sciences informatiques. Quels sont ces métiers ? Comment y accéder ? Qu'est-ce que la recherche en informatique ? Revivez le tchat.

 

 

Le Modérateur : Bonjour ! Nous accueillons aujourd’hui Rémi Ferrand, délégué général de Talents du numérique, et Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria, pour parler des métiers du numérique et des sciences informatiques. N’hésitez pas à leur poser vos questions. Bon tchat ! 

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Bonjour à toutes et à tous. Pour préciser, l'Inria est l'Institut national de recherche en sciences du numérique et technologies du numérique.

Rémi Ferrand : Bonjour à toutes et à tous. Les Talents du numérique est une association créée par les entreprises du numérique et les établissements de formation sur le sujet de l'attractivité des métiers du numérique et de l'informatique. 

July : Quelles sont les formations pour rentrer dans le domaine du numérique ? Je suis un peu perdue (sachant que mes spécialités au lycée étaient SES et HGGSP).

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Le plus important est de faire des maths. Il est préférable d’avoir des connaissances avérées en informatique ou d’avoir suivi l’option informatique en 1re. Pour les formations postbac, il y a plusieurs possibilités : CPGE + école, université, IUT.

Rémi Ferrand : Il y a 2 typologies de parcours et de diplômes : ceux à insertion professionnelle rapide, très professionnalisants (BTS, BUT et Bachelor), et les parcours plus académiques (écoles d'ingénieurs, licences et Masters en université, CPGE).

Nowotarski Cédric : Bonjour. Mon fils, actuellement est en 3ᵉ générale, n'a pas un niveau scolaire extraordinaire, même son prof principal ne le voit pas dans le général.
En revanche, il a un bon niveau en ordinateur, et comme tous les adolescents connectés, c'est le smartphone qui prime. Ma question : je voudrais contourner le système éducatif général, en allant soit en technologie, par voie pro, ou en faisant une alternance. Il veut être développeur en informatique ! Je voudrais bien qu'il fasse une NSI, mais je ne peux l'inscrire qu'après une seconde générale. Vers quelles études le diriger ? Car pour le moment ce n'est qu'après un bac général qu'il peut faire des études pour être développeur. Je suis dans le sud Gironde où les lycées ou CFA ne courent pas les rues !
Merci pour vos réponses. Cédric

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Un bac technologique est tout à fait possible pour devenir développeur et c’est même la voie la plus facile. Je peux suggérer le bac STI2D par exemple. Sinon, vous pouvez suivre un bac équivalent à la filière S et un BUT.

Rémi Ferrand : Effectivement, pour la voie technologique, le bac STI2D est le plus couramment utilisé. Pour la voie professionnelle, nous pouvons citer notamment le bac pro SN (systèmes numériques). À noter, pour les bacheliers professionnels, qu'il existe également une mention complémentaire, SNO (services numériques aux organisations), qui permet de poursuivre son parcours. 

madeo85 : Est-ce qu'il est possible de devenir développeur informatique à l'issue d'une licence MIASHS ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Ce n’est pas le parcours le plus usuel. Il faudra compléter votre formation.

Flo : Bonjour Emmanuelle, sur quoi vous travaillez concrètement aujourd'hui ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Je travaille dans une branche de l'informatique qui s'appelle le calcul haute performance. Plus concrètement, je développe des analyses qui aident les développeurs à lancer des applications sur de grosses machines de manière correcte et efficace. 

Utilisateur29 : Bonjour, quelle filière pour travailler dans le domaine de l'intelligence artificielle s'il vous plaît ?

Rémi Ferrand : Le niveau de recrutement est souvent de niveau bac+5. Il convient de faire un parcours souvent très académique (école d'ingénieurs, licence, Master, BUT avec poursuite d'études). Il est possible de faire une spécialisation à partir de la 4e ou de la 5e année.

kaliod_spe : Quels types de métiers pouvez-vous nous donner en exemple dans le numérique ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Il existe beaucoup de métiers dans le numérique ou qui touchent de près au numérique. Vous pouvez devenir chercheur.e, ingénieur.e, développeur.e…

Rémi Ferrand : Il y a en effet 3 grandes catégories :

- les développeurs, programmeurs et codeurs, dont on a massivement besoin ; pour ce niveau-là, un bac+5 n’est pas forcément indispensable ;

- les généralistes du numérique : chefs de projets, consultants ; ils ont souvent un niveau bac+5 ;

- et enfin les spécialistes, experts de sous-segments du numérique : intelligence artificielle, cybersécurité, data analysts / data scientists ; pour ces métiers, c'est au moins bac+5.

Flo : Bonjour Emmanuelle, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : J'ai un parcours qui a été assez linéaire : bac S, puis prépa maths et sciences de l'ingénieur, puis j'ai été à l'université (licence 3 maths/informatique, Master informatique, et Master recherche la 2e année). Mais tout le monde n'a pas le même parcours, il en existe plusieurs qui peuvent mener à ce métier. 

Lucile : Les métiers du numérique sont-ils genrés ? Comment expliquez-vous qu’un faible pourcentage de filles se dirigent vers des études supérieures dans le domaine numérique ?
Où sont les femmes dans les métiers du numériques ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Les femmes ont toutes leur place dans les métiers du numérique. Je pense que le fait qu’il y ait peu de femmes s’explique par des stéréotypes ou de l’autocensure.

Rémi Ferrand : Je me permets d'insister sur le fait que les femmes sont particulièrement les bienvenues dans l'informatique et le numérique ! ;-) 

Utilisateur26_1 : Y a-t-il beaucoup d'offres d'emploi ? Ce secteur rémunère-t-il bien ?

Rémi Ferrand : Tous les emplois IT sont en pénurie de candidats. Il manque de 10 000 à 15 000 diplômés chaque année. Les besoins sont massifs pour les 5 à 10 ans à venir au minimum. Ce sont des emplois bien payés : le salaire annuel moyen d'un diplômé bac+5 est 41 000 euros brut, soit environ 2 600 euros net par mois. Pour info, le salaire médian en France est de 2 000 euros.

Oliv : Bonjour. Faut-il avoir au préalable des connaissances en informatique pour se lancer dans des études informatiques ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : C’est mieux. N’hésitez pas à suivre l’enseignement de spécialité NSI. Sinon, le plus important est de faire des maths.

Théo : Bonjour, concrètement, en NSI, on apprend les bases de la programmation ? Et quoi d'autre ? Merci d'avance pour votre réponse.

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Le programme est très ambitieux et complet. Il y a trois grandes parties au programme : programmation, algorithmes et une dernière partie qui regroupe architecture, réseaux et robotique.

Rémi Ferrand : Ce qui est important aussi dans l'enseignement de spécialité NSI, c'est la dimension projet : travailler en mode projet avec son équipe, ses camarades. Ce qui correspond à une réalité de l'informatique : on est rarement seul devant son ordinateur. 

laurence legendre : Je suis intéressée par le métier de chercheuse en informatique, mais j'ai lu que les postes à pourvoir se raréfiaient dans les unités de recherche, particulièrement en Île-de-France. Est-ce vrai ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Il y a peu de postes, mais il y en a. Il y a des possibilités chez Inria, le CNRS, les écoles et universités... Il y a donc du choix, mais le nombre de places n'est pas énorme. La concurrence est assez rude. Il y a aussi la possibilité d'entrer dans une entreprise (par exemple, chez Atos), ou dans des instituts comme le CEA. Les postes sont différents, mais cela reste de la recherche (en informatique, parfois combinée avec d'autres disciplines).

Charly : Comment les entreprises du numérique accueillent-elles les femmes ? Y a-t-il des dispositifs particuliers ?

Rémi Ferrand : Il n'y a pas de dispositifs particuliers, mais toutes les entreprises du numérique sont mobilisées sur le sujet de la mixité dans le numérique. La plupart ont développé des politiques proactives et ambitieuses vis-à-vis des femmes, pour les attirer dans ces métiers.

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Chez Inria, par exemple, on a lancé différentes initiatives pour attirer les femmes dans le monde de la recherche. Par exemple : « 1 scientifique - 1 classe : chiche ! »

Rémi Ferrand : Si vous êtes intéressé(e) par cette question, je vous invite à aller visiter le site Femmes@numérique

 

Lena : Proposez-vous des journées d'immersion à l'Inria pour découvrir les métiers du numérique ? Prenez-vous des stagiaires en 3e ou au lycée ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Oui aux deux questions. À Bordeaux, par exemple, on prend des stagiaires en 3e et au lycée. Pour la Fête de la science, les différents établissements peuvent venir. On se déplace aussi en établissement. Pour l'instant, pas de véritables journées portes ouvertes à Bordeaux, mais on le fera sûrement à l'avenir. Pour connaître les initiatives des autres centres de l’Inria, n'hésitez pas à vous renseigner directement auprès d’eux. 

Ellojk02 : Quel bac choisir entre général et technologique (STI2D) quand on veut devenir ingénieur en informatique et robotique ?

Rémi Ferrand : Les deux parcours permettent de devenir ingénieur informatique. Il est possible de faire une école d'ingénieurs, avec ou sans prépa, avec un bac de la voie générale ou de la voie technologique. Pour rappel, il est conseillé, dans la voie générale, de choisir en première 3 enseignements de spécialités scientifiques : mathématiques, NSI, sciences de l'ingénieur (SI), et physique-chimie, et d'en conserver 2 des 3 en terminale. 

Utilisateur35 : Bonjour, je suis en première en spécialité art, NSI et mathématiques. Et j'aimerais savoir si je peux lâcher les maths à la fin de l'année et ne continuer en terminale qu'avec NSI et Art afin d'intégrer une école de graphisme.

 

Rémi Ferrand : Il est possible de faire de beaux parcours dans l'informatique sans être un « matheux », notamment en école spécialisée. Cependant, on testera toujours votre logique (et votre motivation). Mais rappelons-le, pour les parcours académiques, les maths sont indispensables. 

Lou-Anne : Emmanuelle, pouvez-vous nous décrire votre métier plus en détail ?

Camille : Bonjour. Est-ce qu'il serait possible de connaître la journée type d'une chercheuse chez Inria ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Ce qui est bien, dans mon métier, c'est que mes journées ne se ressemblent pas. Je peux aussi bien faire de la médiation scientifique (par exemple, participer à un événement « Chiche ! » dans un lycée) que donner des cours dans l'enseignement supérieur, être devant mon ordinateur à coder, lire des articles, discuter avec mes collègues (dans mon institut ou à l'étranger), participer à des réunions... Il m'arrive aussi de partir à l'étranger pour participer à des conférences. 

Utilisateur26_1 : Y a-t-il un âge limite pour une reconversion dans le domaine de l'informatique ? Merci d'avance.

Rémi Ferrand : Il n'y a pas de limite d'âge pour rejoindre le numérique. Nous avons besoin de tout le monde ! Il existe des dispositifs intéressants pour la reconversion. Je peux citer notamment les préparations opérationnelles à l'emploi, individuelle (POEI) ou collective (POEC). 

Smarty : Bonjour, mon fils est en seconde. S'il veut s'orienter vers le numérique, il devra faire 3 choix de matières pour sa 1re. Si je comprends bien, il faudrait qu'il prenne idéalement : Maths + NSI + ? . Merci à vous.

Rémi Ferrand : Il faut qu'il prenne 3 enseignements de spécialités scientifiques parmi les 4 qui existent : maths, NSI, SI et physique-chimie. Et idéalement, conserver les maths en terminale, voire suivre l'option complémentaire en maths. 

Lena : Faut-il avoir un bon niveau d'anglais pour travailler dans l'informatique ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Dans le monde de la recherche, la langue des sciences, c'est l'anglais. C'est donc bien d'avoir un bon niveau d'anglais. Les articles que je publie sont en anglais, et dans les conférences, je présente mes travaux en anglais. La réponse est donc OUI !

Rémi Ferrand : Sans oublier le français : à vos dictées, à vos livres !! ;-)

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Ce que j'ai dit est certainement également valable pour les domaines autres que la recherche. 

Lena : Se ferme-t-on les portes du numérique ou de l'informatique sans le bac ?

Rémi Ferrand : Il existe des offres à ce niveau de recrutement (sans le bac), mais elles sont peu nombreuses. Généralement, le niveau de recrutement est à bac+3 et bac+5. 

Utilisateur46 : Jusqu'où faut-il aller dans sa scolarité pour pouvoir travailler en tant que technicien de maintenance ?

Rémi Ferrand : Il faut un bac+2 ou bac+3, usuellement. 

Utilisateur42_1 : Bonjour, j'aimerais savoir quelles sont les meilleures écoles d'informatique à Lyon.

Rémi Ferrand : Je vous invite à aller voir la carte des établissements de formation sur le site Talents du numérique

Utilisateur29 : Quels sont les secteurs où l'on recherche des personnes ayant des connaissances sur l'IA ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : La recherche, par exemple. En entreprise, il y a des projets en intelligence artificielle dans l'ensemble des secteurs de l'économie : industrie, santé, etc. 

Utilisateur47 : Pourriez-vous évoquer les métiers du numérique liés à la cybercriminalité ?

Rémi Ferrand : Je préfère évoquer la cybersécurité plutôt que la cybercriminalité, car c'est un segment essentiel de l'informatique. Nous pouvons citer RSSI (responsable de la sécurité des systèmes d'information), pentester, hacker éthique... 

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Et chercheur bien sûr ! 

Le Modérateur : Si vous souhaitez des informations sur les métiers de la cybercriminalité, vous pouvez relire le tchat dédié où nous avions invité un policier enquêteur en cybercriminalité.

Utilisateur26_1 : Y a-t-il une éthique, car on travaille avec des informations privées ?

Rémi Ferrand : L'éthique est un sujet essentiel du numérique, notamment du fait que nous manipulons des données qui peuvent être personnelles. Cette dimension est intégrée maintenant dans les parcours de formation des professionnels du numérique. Ce sujet est particulièrement important pour l'intelligence artificielle. 

azerty : Pensez-vous que tous les métiers sont amenés à se digitaliser ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Non, tous les métiers ne vont pas se digitaliser, en tout cas pas totalement.

Rémi Ferrand : Au-delà, il est bon que tout un chacun, professionnel, usager, citoyen, ait des compétences numériques de base, car le numérique est, et sera, partout dans votre quotidien. 

Logez Lucas : Actuellement en classe de 3e, je souhaite devenir pentester. Quelle orientation choisir ? Bac STI2D ou bac général ? Quelle formation postbac ? Merci.

Rémi Ferrand : Toutes les voies permettent de rejoindre un parcours vers une formation du numérique. Les deux bacs évoqués sont pertinents. 

Sophie-12 : Bonjour, quels sont vos conseils pour réussir l’épreuve pratique de NSI ?

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Soyez curieux et travaillez ! 

Le Modérateur : Le tchat se termine. Emmanuelle, Rémi, un mot pour conclure ?  

Rémi Ferrand : Vous l'aurez compris, il n'y a pas un parcours, mais des parcours. Le mieux est certainement de vous informer auprès des établissements de formation près de chez vous, via notamment les journées portes ouvertes (JPO) qu'ils organisent régulièrement. Par ailleurs, toutes les informations sur les parcours sont détaillées sur le site Talents du numérique !

Emmanuelle Saillard, chercheuse chez Inria

Emmanuelle Saillard : Ce n'est pas grave de se tromper. Quel que soit le métier qu'on veut faire plus tard, je vous conseille de vous renseigner le plus possible, et de faire si possible des stages. Je vous invite aussi à consulter le site Interstices où vous pourrez découvrir toutes les sciences du numérique ! 

Le Modérateur : Merci à toutes et à tous de votre participation. Merci à Emmanuelle et Rémi pour leurs conseils. Bonne fin d’après-midi !


À lire aussi

Sur le même sujet

Sur le web

Boutique