Première chose à savoir : les écoles supérieures d'art publiques n'évaluent pas des connaissances précises, un parcours scolaire ou une une pratique artistique aboutie. Elles évaluent un potentiel de motivation et de création. Les membres du jury recherchent des candidats curieux, ouverts sur le monde, et capables de réfléchir sur l'art. Ils attendent d'eux qu'ils aient un goût pour la création contemporaine, les arts plastiques et visuels.
Les épreuves : à quoi s'attendre ?
Bien que chaque école définisse ses propres modalités de sélection, toutes prévoient au moins une épreuve écrite et/ou une épreuve plastique, ainsi qu'un entretien avec un jury autour d'un dossier de travaux artistiques personnels dit book ou portfolio.
"L'oral devant un jury était assez stressant, car je n'avais que dix minutes pour présenter mon book, témoigne Garance, admise à l'Ensba Lyon. J'ai sélectionné une quinzaine de travaux, très variés. C'est important, car les examinateurs recherchent des candidats ouverts et sensibles à différentes pratiques artistiques. Ils m'ont posé des questions sur mes projets, ma motivation pour entrer en école d'art, ce qui me plaisait dans leur établissement... Il est nécessaire de bien préparer l'entretien en amont, pour ne pas être pris au dépourvu."
L'épreuve plastique, un autre temps fort des concours. Marie, admise à l'Esad Amiens, s'en souvient encore. "L'épreuve de dessin m'a un peu déstabilisée au début. Les examinateurs ont sorti une casserole et des pâtes en forme de nœud papillon. La consigne était de dessiner, en 4 heures, une pâte de façon réaliste sur une feuille au format raisin, puis de la détourner. J'ai d'abord dessiné une pâte en noir et gris au crayon, puis j'ai imaginé une pâte déformée pour devenir une table de restaurant italien. J'ai dessiné la table, les assiettes, les sièges... pour donner à voir l'ambiance générale."
La personnalité, un élément déterminant
Pour Simon, entré à l'Ensci après son bac STD2A, "l'important lors des épreuves, c'est d'être soi-même et de montrer sa personnalité. C'est ce que le jury recherche. Lors d'une épreuve pratique de design en groupe, les examinateurs ont aussi regardé comment je me comportais et comment je communiquais avec les autres candidats."
Si la personnalité et la motivation comptent, il est conseillé d'avoir déjà une pratique artistique quelle qu'elle soit. Les jeunes qui n'ont pas bénéficié d'un enseignement en arts plastiques, ni déployé une activité artistique en autodidacte, peuvent suivre une année préparatoire artistique pour conforter leur choix d'orientation et développer leur culture ainsi que leur technique.
Indispensable, la prépa artistique ?
Faire une année préparatoire aux écoles d'art, c'est le choix qu'a fait Alexandra après avoir échoué au concours d'entrée à l'Ensad l'année du bac : "Je ne dirais pas que la prépa est obligatoire pour réussir, mais elle m'a permis de me rassurer sur mes capacités et de prendre confiance en moi."
Cours d'arts plastiques et d'histoire de l'art, rencontres avec des artistes, visites d'expositions... Durant cette année préparatoire artistique, la jeune femme aujourd'hui diplômée des Arts-Déco, s'est initiée aux techniques d'expression plastique, s'est formé le regard et a intégré des références culturelles. Elle y a appris à analyser un sujet, ce qui lui a été utile pour l'épreuve de commentaire d’œuvres.
Un an pour développer son potentiel
La prépa artistique permet aux étudiants de s'assurer qu'ils sont sur la bonne voie, et surtout de bien définir leur projet futur. C'est l'occasion pour chacun d'approfondir sa pratique des arts plastiques et d'identifier les écoles d'art qui lui correspondent le mieux.
Mais encore faut-il choisir la prépa qui ne "formate" pas, mais aide au contraire chaque élève à révéler son potentiel. La formule est souvent payante : le taux de réussite à un concours avoisine les 90 % pour les élèves des classes préparatoires publiques aux écoles d'art. Ces dernières qui pratiquent des tarifs modiques pour de bons résultats sélectionnent fortement à l'entrée. À contrario, les prépas artistiques privées, plus ouvertes, proposent une année de formation souvent onéreuse.