Au sein de son atelier, dans les Yvelines, Lucile, luthière, travaille le bois pour donner vie à des violons et à des violoncelles. Un travail de longue haleine. "De nombreux paramètres entrent en compte pour obtenir ce que l’on souhaite, mais il y a toujours une part de mystère, car le bois est une matière vivante. C’est très subtil…"
Une vocation
Musicienne depuis l’âge de 6 ans, Lucile s'est prise de passion pour le métier de luthière à l’adolescence. "Je savais que je voulais travailler dans la musique, mais j’aimais aussi le côté manuel et je n’avais pas envie de dissocier les deux." En attendant d’obtenir son bac, obligatoire pour intégrer la formation, elle profite des vacances scolaires pour effectuer des stages. "J’en ai fait auprès de luthiers, mais également en sculpture sur bois, car il faut savoir travailler la matière, ainsi qu’en gravure sur métal."
Patience et minutie
Aujourd’hui, la jeune femme vit de sa passion. Dans l’atelier qu’elle a installé chez elle, elle fabrique violons, altos et violoncelles sur mesure. Un travail de longue haleine, 3 mois à temps plein en moyenne étant nécessaires pour fabriquer un instrument. "Je pars de planches brutes que j’assemble, découpe dans la forme et sculpte dans la masse à l’aide d’instruments spécifiques : rabot, ratissoire, racloir…" Environ 80 pièces au total composent l’instrument, que Lucile colle et assemble entre elles afin de bien les ajuster.
Ajuster le son
Vient ensuite l’étape du vernissage. "Je fabrique moi-même le vernis, à base d’huile de lin et de résine d’arbre, auxquelles j’ajoute des pigments." Une étape qu’elle apprécie particulièrement, car "c’est le moment où le bois se révèle". Reste à effectuer le montage des petites pièces, dont l’âme, très importante pour le son. "Le son se modifie selon l’endroit où on la place. Cela se joue parfois à quelques dixièmes de millimètre." Avant de remettre l’instrument à son ou à sa propriétaire, la luthière teste l’instrument afin de faire les derniers réglages. "Je fais en sorte que le son soit le plus beau possible pour le musicien ou la musicienne."
Après son bac littéraire, Lucile a intégré l’École nationale de lutherie de Mirecourt, où elle a effectué une année de mise à niveau puis un DMA lutherie (2 ans d’études). Une fois diplômée, elle a travaillé au sein de plusieurs ateliers. "Ça a été très enrichissant, car cela m’a permis à chaque fois de découvrir de nouvelles méthodes." Au bout de 10 ans en tant que salariée, elle a fait le choix de se mettre à son compte. "C’est le temps nécessaire pour acquérir de bonnes bases. Au moment de me lancer, je me sentais prête." Paris étant trop cher et très concurrentiel, la luthière s’est installée dans les Yvelines, avec pour défi de se faire connaître. "J’ai fait un site Internet, je me suis référencée, j’ai distribué des cartes de visites…" Le bouche-à-oreille a fait le reste. Depuis plus d’un an maintenant, elle accueille ses clients tous les jours sur rendez-vous. "Je fais en fonction de leurs disponibilités, car j’ai le luxe de pouvoir organiser mes journées comme je le souhaite."