L'administration pénitentiaire : des métiers qui recrutent
Date de publication : 20 avril 2020
Surveiller les détenus, accompagner leur réinsertion, encadrer le personnel et organiser la vie quotidienne en prison : le secteur pénitentiaire emploie de nombreux professionnels, aux missions variées. Zoom sur ces métiers méconnus qui recrutent.
Les métiers du pénitentiaire
Directeur ou directrice des services pénitentiaires
À la tête d'un établissement pénitentiaire, le directeur ou la directrice des services pénitentiaires exerce des misions d'encadrement, de direction, de contrôle et de management. C'est le principal responsable de la sécurité de la détention et de la gestion du budget de sa prison. Au quotidien, ce professionnel coordonne l'action de ses équipes avec celle des partenaires extérieurs (service d'insertion et de probation, préfecture, associations...). Autre mission : gérer les ressources humaines et animer le dialogue social avec les surveillants, les lieutenants et l'ensemble du personnel de l'établissement. Face à une situation de crise, il sait réagir rapidement et avec maîtrise.
Le concours de directeur des services pénitentiaires
Pour qui ?
Le concours est ouvert à bac + 3. Pour la promotion 2018, la plupart des admis étaient titulaires d'un diplôme de niveau bac + 5, majoritairement en droit.
Quelle sélection ?
À l'écrit : une composition, la rédaction d'une note, et une composition ou une étude de cas dans une matière au choix. À l'oral : un entretien de recrutement, une interrogation et une épreuve de langue vivante.
Quelle formation ?
Organisée en 2 ans, avec une alternance de cours à l'Enap et de stages, la formation prépare à l'exercice de fonctions d'encadrement, de direction, de conception, d'expertise et de contrôle dans les établissements et les services de l'administration pénitentiaire. Principales compétences visées : le pilotage et la mise en œuvre des politiques de prise en charge des publics concernés (détenus notamment), la gestion des ressources humaines et financières, les connaissances en matière de responsabilité pénale et administrative, etc. Les stages permettent une véritable professionnalisation. La 2de année se déroule en qualité de stagiaire.
Lieutenant ou lieutenante pénitentiaire
De son côté, lelieutenant ou la lieutenante pénitentiaire participe à l'élaboration de la politique définie par le chef d'établissement et coordonne sa mise en œuvre. Principale mission : encadrer les équipes de personnel pénitentiaire, notamment les surveillants. Garant de la sécurité de l'établissement, ce professionnel assure par sa présence, une surveillance continue des lieux. Il effectue un contrôle rigoureux des procédures, lors des transferts de détenus par exemple. Au quotidien, il échange avec de nombreux partenaires extérieurs (police, préfecture, associations...) et peut aider les détenus dans leurs démarches administratives, leur projet de formation, etc.
Le concours de lieutenant pénitentiaire
Pour qui ?
Le concours externe est ouvert à bac + 2. Une grande majorité des admis est titulaire d'un diplôme de niveau bac + 5, principalement en droit, économie-gestion, commerce, etc.
Quelle sélection ?
Épreuves écrites de culture générale (dissertation) et composition au choix (droit administratif ; droit pénal et procédure pénale ; réglementation pénitentiaire). Épreuves orales: entretien avec le jury ; second entretien basé sur un document relatif aux problèmes du monde contemporain. Épreuves physiques (courses et lancer de poids). Épreuve facultative de langue étrangère. En 2019, 29 élèves sur les 92 que compte la promotion ont été recrutés par la voie du concours externe.
Quelle formation ?
Pendant 1 an, la formation s'appuie sur une alternance de cours théoriques (droit pénitentiaire, connaissance des populations prises en charge, gestion du stress, techniques d'intervention) et de stages pratiques en établissement pénitentiaire. Des connaissances juridiques et techniques complètent le programme.
Surveillant ou surveillante pénitentiaire
Au plus près des détenus, le surveillant ou la surveillante pénitentiaire (placé sous l'autorité du lieutenant) joue également un rôle essentiel. Il prend en charge les détenus, en assure la garde et la surveillance, au moment des sorties et de retours de promenade, des repas notamment. Aux côtés des SPIP (services pénitentiaires d'insertion et de probation et des partenaires), ce professionnel contribue par ailleurs à la réinsertion des détenus (encadrement d'activités sportives, d'ateliers, etc.), Interlocuteur privilégié des personnes incarcérées, il veille à la sécurité tout en étant capable de dialoguer et d'apaiser les situations de tension.
Le concours de surveillant pénitentiaire.
Pour qui ?
Le concours externe est ouvert aux titulaires du brevet national des collèges ou un diplôme ou titre classé au moins de niveau 3.
Quelle formation ?
Une fois admis au concours, les élèves surveillants suivent une formation de 6 mois dispensée à l'Enap (école nationale d'administration pénitentiaire) située à Agen (Lot-et-Garonne). Cette formation s'appuie sur une alternance entre les cours théoriques (droit pénitentiaire, connaissance des populations prises en charge, gestion du stress, techniques d'intervention...) et des stages pratiques en établissement pénitentiaire.
Conseiller ou conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation
Autre métier peu connu du secteur pénitentiaire : celui de CPIP (conseiller ou conseillère d'insertion et de probation). Ses missions ? Aider à la décision judiciaire, participer à l'individualisation des peines et à leur exécution, mais surtout éviter la récidive. Lorsqu'il intervient en prison, le CPIP mène des entretiens avec les détenus, leur explique leur situation administrative et judiciaire, propose des aménagements de peine au juge. En milieu ouvert, il s'assure que les personnes soumises à diverses mesures (contrôle judiciaire, bracelet électronique, etc.) suivent les obligations fixées par le juge (travail d'intérêt général, soins...), et prépare leur sortie de prison (recherche d'emploi notamment.)
Le concours de conseiller d'insertion et de probation
Pour qui ?
Le concours est ouvert à bac + 3 (licence). Pour la promotion 2017, 39 % des admis étaient titulaires d'un diplôme de niveau bac + 5, majoritairement en droit.
Quelle sélection ?
Composition sur l'évolution politique, économique et sociale de la France ; note de synthèse à partir d'un dossier portant sur les libertés publiques ou certaines problématiques liées à la justice ; entretien. 172 admis en 2019.
Au programme
Rémunérée, la formation dure 2 ans. Elle alterne des cours théoriques, ainsi que des stages pratiques en établissements pénitentiaires, dans des tribunaux, au sein d'associations.... La 1re année, des enseignements en droit et procédure pénale, règlementation pénitentiaire, sociologie, psychiatrie et criminologie permettent aux futurs professionnels de situer le contexte de leur intervention. Les périodes de stages complètent ce premier cursus. La 2de année, l'élève est nommé stagiaire et affecté dans un service pénitentiaire d'insertion et de probation.
Les formations pour réussir les concours de l'administration pénitentiaire
Si les concours de recrutement du pénitentiaire sont accessibles à bac + 2 (lieutenant pénitentiaire), ou bac + 3 (conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation, directeur des services pénitentiaires), on constate que la majorité des admis a un niveau supérieur (bac + 4 ou bac + 5).
La concurrence est partout importante, car le nombre de place est limité. La voie à privilégier ? Cela dépend du métier. Après le bac, il est possible de préparer un DUT (carrières juridiques) ou, mieux, une licence (droit, AES, sciences humaines) qui permet de poursuivre en master.
Se préparer aux concours avec la "Prépa-Talents de l’administration pénitentiaire"
L’Enap (école nationale d’administration pénitentiaire), située à Agen (47), organise une préparation aux concours de catégorie A et B de l’administration pénitentiaire : conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (A), lieutenant pénitentiaire (B), directeur pénitentiaire d’insertion et de probation (A), chef des services pénitentiaire (A) et directeur des services pénitentiaires (A).
Public visé : les étudiants de l’enseignement supérieur les plus méritants, en master, qui souhaitent préparer les grands concours de la fonction publique. La "Prépa-Talents de l’administration pénitentiaire" permet de percevoir une bourse dédiée (4 000 euros cumulable avec la bourse sur critères sociaux), la gratuité du logement et de la restauration, ainsi qu’un tutorat renforcé. Les bénéficiaires de ce dispositif suivent une préparation d’une durée de 10 mois, à l’Enap.
D'autres métiers autour du pénitentiaire
JAP (Juge d'application des peines)
Ce magistrat ou cette magistrate intervient en prison auprès des détenus. En fonction du comportement de ces derniers, il décide d'accorder des permissions de sortie, une réduction de peine, la libération... Le JAP suit aussi les condamnés en semi-liberté ou laissés libres. Il vérifie qu'ils respectent bien leurs obligations : recherche d'un emploi, suivi médical, etc. Pour chaque décision, ce juge doit trouver un équilibre entre le maintien de l'ordre public, le respect des victimes et l'intérêt du condamné.
JLD(Juge des libertés et de la détention)
Après avoir étudié les résultats d'une enquête, ce magistrat ou cette magistrat a le pouvoir d'ordonner la détention provisoire d'un prévenu (en attendant le procès) ou d'autres mesures comme l'assignation à domicile, des écoutes téléphoniques, une perquisition nocturne, etc. Homme ou femme, il statue aussi sur des cas particuliers : maintien des étrangers en situation irrégulière en centre de rétention, hospitalisation sans leur consentement de personnes souffrant de troubles psychiatriques... Une fonction exercée par des magistrats expérimentés.