Transcription
Je suis Jocelyn Cazal. Je suis technicien préparateur en production et expérimentation végétales dans un organisme public de recherche en agriculture, alimentation et environnement, en Guyane.
Dans cet institut, on fait des études sur la forêt tropicale ici, en Guyane, afin de pouvoir comprendre comment elle se développe, comment elle réagit par rapport, par exemple, au changement climatique qui arrive. On fait des petites expérimentations en serre ou en milieu naturel afin d'essayer d'anticiper ces futures évolutions. Ici, sur ce site, on a plusieurs chercheurs. Chaque chercheur travaille sur une thématique et chaque chercheur a à disposition plusieurs techniciens. Le mien, celui qui est mon supérieur direct, travaille en écophysiologie, c'est-à-dire travailler sur tout ce qui est racines, feuilles, branches, troncs.
Les chercheurs, thésards ou stagiaires de passage arrivent et ils me disent : "Jocelyn, j'aimerais mettre en place telle expérimentation, qu'est-ce que tu me proposes ?" En fonction du stade des plantes qu'il veut cultiver, je lui propose des quantités de pot. Le support, est-ce que ça va être dans du sable, du compost, de la terre ? Le système d'arrosage, est-ce que ça doit être à aspersion ? Est-ce que ça doit être manuel ? Est-ce que ça doit être du goutte-à-goutte ? Du fait de ma fonction de grimpeur et responsable des serres, je suis amené à travailler avec beaucoup de monde. Si, par exemple, j'ai quelqu'un qui bosse sur des épiphytes, des broméliacées, des orchidées, des choses qui sont en hauteur, il fait appel à moi. Je monte, je les récupère. Ça peut être aussi des mesures en continu à faire, donc je monte avec des appareils de mesure que je place sur des feuilles, sur le tronc.
Mon planning ? Mes journées dépendent de la personne avec qui je travaille, mais, dans tous les cas, j'arrive au boulot à 7 heures. Le premier truc que je fais en arrivant, je fais l'arrosage pour entretenir tous les plants. Ensuite, soit c'est une journée où je dois faire du terrain, donc, après l'arrosage, on part en forêt et on revient le soir en fin d'après-midi, 16 h. Sinon, si je n'ai pas de terrain, je travaille sur site. Sur site, je m'occupe des serres, c'est-à-dire tout ce qui peut être débroussailleuses, entretien tout autour, faire des pots, préparer des pots, des mélanges de terre-sable en prévision de la prochaine manipulation qui va arriver.
Pour l'expérimentation qu'on va faire en 2023, on a besoin de 100 de cette espèce qu'on a pu déjà trouver en forêt ; je les ai trouvés, il y a deux ou trois mois. Les plantules sont là, je crois que j'en ai fait 73.
Après, il y a des périodes où ça m'arrive de faire pas mal de labo, quand on part en forêt récupérer les échantillons. Quand on revient au bureau, il faut traiter les échantillons, c'est-à-dire sélectionner les bonnes feuilles, mettre l'identification, mettre sous presse, aller mettre à l'étuve pour sécher, pour que ça soit propre, nickel. Je fais aussi du bureau quand il faut renouveler le stock ; ça représente 5 %, maximum 10 %, de mon temps de travail. Ça reste un métier où on touche à la terre, on est dans la forêt. Moi, tout petit, c'est ce que je faisais avec mes parents, c'est ce que j'aimais, donc ça a été, ça a été facile pour moi. La première année, j'ai validé mon CAP agricole. Au lieu de le faire en deux ans, je l'ai validé en un an et j'ai été embauché dans cet organisme. Tout me plaît dans le métier. Quand je monte dans un arbre, quand j'élève mes plantes dans la serre, j'ai les mêmes sensations que quand j'étais petit, quand j'allais avec mes parents. Je ne peux pas trouver mieux comme métier. Et le mieux, c'est que je suis payé pour ça.
