Au tout début de la création d'un jeu, le directeur artistique définit l'univers graphique, puis partage sa vision avec les artistes chargés de concevoir les personnages, les objets (vaisseaux, voitures... ) et les décors. "À moi de donner vie, grâce à mes dessins, à un personnage qui s'intégrera au jeu", explique Chloé, character designer.
Futur post-apocalyptique, environnement fantastique... pour donner vie à ses personnages, Chloé se projette dans un univers. "Je pars d'éléments transmis par le studio : caractéristiques (genre, âge, activité, style, pouvoirs), scénario, couleurs dominantes, moodboards... puis je dessine plusieurs propositions (concepts)." Visage, vêtements, accessoires... la jeune femme pense à tous les détails qui viendront composer ses personnages. "Pour un chasseur de dragons, je dois veiller à ce qu'il ait des armes. Pour un enfant, si je lui mets un nounours, il doit y avoir une raison. Il faut garder à l’esprit que l’on raconte graphiquement une histoire."
Différentes versions
Si certains artistes esquissent d'abord des croquis en noir et blanc, Chloé travaille directement en couleurs, puis rend une planche illustrée contenant quatre ou cinq versions du personnage, de face et de trois quarts. Ensuite, le DA (directeur artistique) lui fait des retours. "Il peut vouloir mixer deux versions, modifier les couleurs… Petit à petit, on construit le personnage ensemble."
Réalisme
Quand Chloé travaille sur un projet en lien avec une période historique, elle fait des recherches documentaires et graphiques afin de s'assurer d'être fidèle au style de l'époque. " Je compile des photos et des images que j'assemble puis repeins sur ordinateur (photobashing) afin d'avoir un rendu réaliste." Quel que soit le jeu, l'objectif de Chloé reste le même : imaginer des personnages les plus "vivants" possibles pour donner envie au public de jouer !
Chloé n’a pas du tout une formation liée au jeu vidéo ! Après une licence de cinéma, elle exerce comme monteuse dans l’audiovisuel avant de bifurquer vers le jeu vidéo, tout d’abord dans le montage puis le concept art en free-lance. "J'apprécie le fait de travailler sur des projets divers et pour différents studios. Rester en poste sur un projet pendant plusieurs années ne m'intéresse pas, j'ai très vite envie de faire autre chose !"
Premier élément à peaufiner quand on exerce en indépendant : le book. "Il reflète notre identité en tant qu'artiste. Il ne doit pas être trop rempli : trois projets avec des personnages, des environnements ou des illustrations abouties." Avoir un site (par exemple ArtStation) et des comptes sur les réseaux (Instagram, LinkedIn…) permet aussi de se faire connaître et de donner à voir ses créations. Actuellement senior character design artist pour le studio américain Naughty Dog, Chloé n’hésite pas à exercer pour des clients étrangers. " J'apprécie le fait qu’aux États-Unis, aucune différence ne soit faite entre homme et femme. Il faut aussi savoir parler anglais, sans forcément être bilingue."