Pouvez-vous retracer votre parcours ?
"Jusqu'en 2de, j'ai suivi une scolarité tout à fait normale, puis j'ai été opérée du genou. J'avais des douleurs intenses et des traitements lourds... et j'ai dû être déscolarisée. Hospitalisée pendant 8 mois dans un centre anti-douleur, j'ai bénéficié de cours à l'hôpital. En mai et juin, je suis retournée au lycée avec des cours le matin et des soins l'après-midi. Lors du bac français, je n'ai pu tenir que 2 h sur les 5 et j'ai eu une mauvaise note. En terminale, nous avons pu sensibiliser les professeurs et les élèves, je bénéficiais d'aménagements (tiers temps, lit disponible à l'infirmerie...). L'arrivée de la Covid a été bénéfique pour moi : les cours se déroulaient en distanciel, les concours et les épreuves du bac ont été annulées. J'ai eu le bac avec mention très bien."
Depuis, vous êtes à l'EM Normandie ?
"Je voulais faire une école de commerce et, avant de passer les concours, j'ai contacté plusieurs écoles pour les interroger sur ce qui était mis en place pour les étudiants en situation de handicap. J'ai sélectionné une école qui avait une vraie politique d'inclusion et j'ai pu intégrer l'EM Normandie, celle qui était le plus loin de chez moi. L'EMN a un service dédié, le service équilibre et inclusion, qui propose de nombreux aménagements en fonction du handicap : accueil, sensibilisation des professeurs et des étudiants, tiers temps pour les examens, protocole de sécurité, possibilité de sortir des cours si besoin, de suivre les cours à distance..."
Comment se passent vos études et vos stages ?
"La 1re année, beaucoup de cours étaient en distanciel pour cause de pandémie. J'ai pu faire un stage dans le domaine du marketing et de la communication, remporté après un concours organisé au sein de l'école. J'aime beaucoup la communication, la création de visuels... Après une semaine de stage, j'ai dû télétravailler car j'ai eu de nouveaux problèmes de santé. Je suis toujours en errance diagnostique, comme c'est souvent le cas dans les maladies rares. C'est d'autant plus compliqué à expliquer que c'est un handicap invisible. J'ai pu passer les examens, que j'ai réussi. Mes camarades vont partir pour un séjour à l'étranger, mais pas moi, car les aménagements sont trop compliqués à mettre en place. Je vais donc faire un 2e stage, toujours en marketing et communication."
Vous vous êtes aussi engagée au sein de l'école ?
"J'ai créé l'association Tous Hansemble EMN en 2021 et j'en suis la présidente. Nous organisons des événements (Duoday, vente solidaire de chocolats...), nous informons via les réseaux sociaux sur les différents handicaps et maladies ou sur l'importance du don du sang, nous réalisons des supports de formation... Notre objectif : changer le regard que les futurs managers portent sur le handicap et contribuer à l'inclusion des personnes concernées dans les études supérieures. Nous aidons aussi les associations étudiantes du campus à rendre leurs événements plus inclusifs."
Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune qui hésite à faire des études supérieures ?
"Il faut croire en ses capacités et prouver aux autres que l'on est capable et ne pas se dire 'je n'y arriverai jamais'. Ne pas hésiter à se renseigner très en amont sur les aides qui existent, et il y en a beaucoup, auprès des services handicap des établissements d'enseignement. Des associations comme La Fédé 100% Handinamique, dont je suis ambassadrice, ou encore Tremplin Handicap interviennent dès le collège ou le lycée pour accompagner les jeunes et leur ouvrir des perspectives. Elles proposent beaucoup de solutions : mentorat, aides financières, entreprises partenaires pour les stages, rencontres nationales..."