Situation de handicap : témoignages de professionnels

Arnaud Litou, manager de la haute
performance paralympique :
le cyclisme comme moteur -
Jeux paralympiques Paris 2024

Date de publication : 5 janvier 2024

D’entraîneur de clubs sportifs à manager de la haute performance paralympique à l'Agence nationale du sport, du Canada à la France, le parcours professionnel d'Arnaud Litou est singulier et riche. Il nous le raconte et nous parle de sa passion indéfectible pour le sport, notamment le cyclisme.

Photo d'Arnaud Litou

"Ma seule certitude ? Je resterai dans le secteur paralympique, qui me tient à cœur."

En quoi consiste votre métier ?

Être manager de la performance paralympique, c'est donner des objectifs de performance et décliner des plans d’action pour chacun des 28 handisports (22 handisports d’été et 6 d’hiver). Mon quotidien est donc très variable en fonction du type de sport, mais aussi des enjeux et des problématiques qui se posent. Cela passe par la définition des défis, l’analyse des besoins, l’accompagnement, sur le terrain, des athlètes et des entraîneurs. C’est aussi être aux côtés des différentes fédérations dans la construction et le renforcement de leur stratégie. Par exemple, je viens de rentrer du Japon, où se sont déroulées des sélections de para badminton pour les prochains Jeux paralympiques : sur la base des résultats, il a fallu mettre en place des actions pour que l’équipe reprenne confiance et puisse donner le meilleur d’elle-même.

Quelles qualités mettez-vous en œuvre dans ces activités ?

Comme les athlètes, je suis rigoureux. Je suis aussi extrêmement disponible : l’année dernière, j’ai pris 4 jours de congés au total !

Quel a été votre parcours scolaire ?

Au lycée, j’ai passé un bac scientifique, tout en ayant une pratique sportive importante. J’étais coureur cycliste, dans la catégorie "élite". J’ai effectué mes deux premières années d'enseignement supérieur à l’université des sciences de Nantes (Loire-Atlantique), avant de poursuivre les deux années suivantes en cours à distance avec le Cned (Centre national d’enseignement à distance), car j’avais besoin de temps pour renforcer ma pratique de coureur cycliste sur route.

Quel a été votre parcours professionnel ?

Après mes études scientifiques, j’ai commencé à travailler dans le domaine du sport en tant que manager de petits clubs sportifs. En parallèle, j’avais toujours une pratique sportive cycliste conséquente. À l’âge de 24 ans, un grave accident survenu lors d’une compétition a mis fin à ma carrière de sportif et m’a poussé à remettre en cause mon activité professionnelle. J’ai décidé de partir au Canada pour un an, afin de travailler dans un tout autre secteur que le sport. Finalement, je m'y suis tellement plu que j’y suis resté 18 ans ! Mais je suis revenu au secteur du sport au bout de 2 ou 3 ans, en tant qu’entraîneur sportif dans un club local. J’ai même entrepris des formations d’entraîneur sportif.

Pourquoi aimez-vous autant le cyclisme ?

J’ai appris à faire du vélo tout seul à l’âge de 4 ou 5 ans, pour aller voir mon meilleur ami qui habitait à 4 km de chez moi. Avec les copains, on était toujours sur nos vélos. J’aime et j’ai besoin de cette sensation de liberté, de vitesse, ce plaisir de se déplacer.

Quand avez-vous commencé à gérer des compétitions de para cyclisme ?

En 2009, j’ai réussi à intégrer l’équipe nationale de cyclisme canadienne, avec comme première mission la préparation aux compétitions internationales d’un groupe de 8 juniors, qui concouraient en Europe pendant 4 mois. C’est après cette expérience que la responsabilité du programme para cycliste de l’équipe m’a été confiée. Étant donné que je ne connaissais rien au handicap, j’ai dû beaucoup apprendre. Et comme cela coïncidait avec ma formation d’entraîneur professionnel, j’ai mené mon projet personnel d’études sur ce programme. En parallèle, j’avais intégré là-bas la commission de performance multisport, pour recueillir de bonnes pratiques. En 2018, je suis revenu en France pour rejoindre l’Agence nationale du sport au poste de manager de la haute performance paralympique, et construire la stratégie paralympique française, notamment dans la perspective des Jeux de Paris 2024.

Et après ?

Pour la suite, ma seule certitude est que je resterai dans le secteur paralympique, qui me tient à cœur. Il y a tellement de choses à transformer, je veux poursuivre la dynamique.