Situation de handicap : témoignages de professionnels

Charles-Marie Hulot,
ingénieur mélomane

Date de publication : 25 janvier 2024

Né dans une famille de scientifiques et de musiciens, Charles-Marie Hulot ne se sépare jamais de son violoncelle. L'ingénieur en mécanique a développé au travers de cette pratique des compétences spécifiques qu’il a réinvesties dans l’aéronautique, son autre passion. En s’adaptant et à force de volonté, il travaille aujourd'hui au ministère des Armées.

Photo de Charles-Marie Hulot avec son violoncelle dans le fond

J'encourage les étudiants à utiliser tous les leviers existants et à ne surtout pas se démotiver !

Quel est votre parcours scolaire ?

Après avoir obtenu un bac scientifique en 2010, j’ai suivi une double licence sciences option mécanique et musicologie, à Paris IV et à Paris VI, puis un master franco-allemand de musicologie. J’ai alors passé un an en France puis un an à Sarrebruck, en Allemagne. Durant mes études, j’ai toujours trouvé une oreille attentive auprès des référents handicap. De retour en France, il m’a été compliqué d’obtenir un poste dans ma voie. J’ai donc entamé une reconversion en vue de devenir ingénieur. Ma rencontre avec Hanvol [Découvrez Hanvol, une association spécialisée dans la formation et l'insertion des personnes en situation de handicap dans le secteur aéronautique], notamment avec son réseau d’entreprises, a été déterminante. J’ai opté pour l’apprentissage, chez Safran, tout en suivant le cursus en génie industriel option mécatronique proposé par mon école, l'ISAE-Supméca. Ce second diplôme m’a aussi permis d’étudier à Dublin, en Irlande, pour préparer en immersion le TOEIC (test of english for international communication).

Selon vous, quel lien existe-t-il entre l’aéronautique et la musique ?

Ma passion de la musique me vient de mes parents, scientifiques de formation, mais aussi musiciens. Ma sœur est violoniste professionnelle et je pratique le violoncelle depuis près de 30 ans, dont 20 ans au conservatoire. Ma mère m’a encouragé à utiliser l’instrument comme outil de rééducation pour mon handicap. Je continue ma pratique en amateur aussi pour garder une connexion avec le secteur artistique et musical. 
Ma passion pour l’aéronautique a aussi commencé jeune : petit, j’étais fasciné par les avions et leur ingénierie. Ce domaine est relié à la musique par la question de l’acoustique. Aujourd'hui, je ne regrette pas mes études en musicologie, elles m’ont donné des techniques de travail que j’utilise encore aujourd’hui dans ma vie professionnelle. Le violoncelle m’a aussi permis de développer des qualités indispensables à mon métier : écoute, esprit de groupe, respect de la hiérarchie, rigueur, précision, etc. Mon coach à Hanvol m’a été d’une aide précieuse, car il a su voir l’intérêt de mon parcours musical pour une reconversion dans l’aéronautique, alors que ce n’est pas forcément évident tout de suite !

Après ce parcours, comment avez-vous intégré le ministère des Armées ?

J’ai été diplômé en 2020, la crise sanitaire liée au Covid-19 m’a empêché de mener à bien mon projet professionnel. Avec l’aide de France Travail (anciennement Pôle Emploi) et d’Hanvol, j’ai repris confiance en moi et j'ai envoyé mon CV à la Dirisi (Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d'information), où je travaille actuellement. En tant que fonctionnaire avec une RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé), j’ai côtoyé des collègues sensibilisés à la question du handicap, d’autant plus dans mon service, où la question des personnes blessées est assez présente. Cela m’a mis en confiance pour la suite de mon parcours. Mon métier d’ingénieur me permet de gagner ma vie, tout en continuant ma pratique de la musique à côté. En décembre 2023, j’ai intégré un nouveau poste à la DGA (Direction générale de l’armement) en tant que chargé d’études capacitaires.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ?

Je pense qu'il ne faut pas hésiter à aller de l’avant, à rencontrer des experts, à multiplier les rencontres et les opportunités, afin d'étoffer son réseau et d'affiner son parcours professionnel. J’incite les étudiants à pousser des portes, à explorer des choses, à tenir à jour leur profil LinkedIn, à adhérer à des associations pour se démarquer. En bref, je les encourage à utiliser tous les leviers existants et à ne surtout pas se démotiver ! On peut trébucher sur un problème, mais il ne faut surtout pas prendre de décision radicale quand on rencontre un obstacle. Pour surmonter cela, l’entourage est important : famille étendue, amis… Ma femme m’accompagne au quotidien, par exemple, lors du passage du TOEIC. À partir du moment où l’on a la volonté d’intégrer une équipe et d’aller de l’avant, les choses se feront, progressivement, et plus facilement si on a la force mentale adéquate. Aujourd’hui, de plus en plus d’actions sont menées pour le bien-être et l'intégration dans les entreprises des personnes en situation de handicap. Je pense par exemple au Duoday [Découvrez le Duoday en cliquant ici].